Apocryphes d'origine chrétienne


  • Section III:
  • COMMENTAIRES  
  • Évangiles apocryphes
  • COMMENTAIRES TEXTES
  • Actes apocryphes
  • COMMENTAIRES TEXTES
  • Épîtres apocryphes
  • COMMENTAIRES TEXTES
  • Apocalypses apocryphes
  • COMMENTAIRES TEXTES
  • Oeuvres doctrinales apocryphes
  • COMMENTAIRES TEXTES
  • Pilate La litérature de Pilate
         et autres apocryphes concernant le Christ
  • COMMENTAIRES TEXTES




































    Section III. Apocryphes d'origine chrétienne

    Le terme Chrétien est utilisé ici dans un sens général et comprend les oeuvres aussi bien de Catholiques que d'hérétiques; ces derniers sont surtout des membres de diverses branches ou écoles Gnostiques, qui fleurirent au second et troisième siècles.
    Les écrits apocryphes chrétiens s'approchent des livres du Nouveau Testament et, sauf à quelques exceptions près choisissent les mêmes titres: Évangiles, Actes, Épîtres et Apocalypses.
    Leur écriture datant d'avant la formation des Codex Catholiques et Protestants, on ne peut parler d'une imitation, mais plutôt d'une pratique commune cherchant à accroître l'importance des écrits en les attribuant à de grandes figures de l'histoire du Christianisme.

    (1) Les Évangiles apocryphes

    Le terme apocryphe qui est appliqué à certains évangiles ne doit être compris comme portant une connotation défavorable ou comme étant faux, il signifie simplement "non canonique", c'est-à-dire non repris dans le Canon de la Bible. Ce Canon a varié au cours des siècles, et même aujourd'hui les Catholiques et les Protestants n'ont pas le même Canon.
    Par exemple, ceci s'applique à l'Évangile des Hébreux, et à un degré moindre à celui des Égyptiens, qui tous deux semblent être l'incorporation de la Tradition Primitive, ou une autre version des Évangiles considérés aujourd'hui comme Canoniques avec quelques variations et ajoutes qui ne contiennent pas de divergences plus importantes que celles qui différencient les quatre évangiles canoniques. Il est vrai que les specimens existants des Évangiles apocryphes s'inspirent des mêmes faits et des mêmes traditions que les Évangiles Canoniques et en ont le même point de départ.
    Mais les Évangiles Canoniques passent sous silence de longues périodes de la vie de Notre Seigneur, de la Sainte Vierge et de Saint Joseph. Souvent, ils nous donnent de vifs éclairs de certaines périodes qui nous donnent l'envie d'en savoir plus. La réserve des Évangélistes canoniques ne satisfait pas la curiosité pardonnable de nombreux chétiens avides de détails. Leurs textes sévères et d'une digne simplicité laisse l'imagination sans appaisement dans sa recherche des origines des protagonistes évangéliques.
    C'est pour cette raison que certains Évangiles contiennent des fables romantiques, des détails fantastiques qui furent parfois acceptés par de nombreux fidèles. Les Catholiques ainsi que les Gnostiques furent gènés par ces fictions, à la différence près que les auteurs gnostiques ne voulaient pas écrire de l'histoire, mais du mythe tentant d'imager des vérités cachées.
    Les auteurs d'apocryphes hérétiques possèdent un intérêt particulier parce qu'ils sont composés pour répandre des enseignements s'écartant de la lignée conventionelle et décrivent une vision personnelle et inhabituelle des enseignements du Christ.
    Les Pères de l'Église furent extrêmement hostiles même à l'encontre de textes orthodoxes. C'est qu'au Moyen Âge -- période d'obscurentisme profond -- que les apocryphes, oubliés comme complément des Évangiles, furent remis en honneur sous la forme de légendes sacrées, comme La Légende Dorée, de "Mystères", d'art et de poésie.
    Bien que n'ayant aucune prétention de rapporter des faits historiques, les Évangiles apocryphes nous aident à mieux comprendre les enseignements religieux des premiers siècles de l'Église et peuvent souvent compléter les évangiles canoniques. C'est le cas de l'Évangile de Thomas dont les "Parole" de Jésus ont souvent plus d'autenticité et de fraicheur.

    (a) Evangiles apocryphes d'origine Catholique

    Le Proto-évangile de Jacob, l'évangile de l'Enfance de Jacques

    Ces textes sont attribués à "Jacques, le frère du Seigneur, c'est-à-dire Jacques le Mineur. Ils ressemblent aux évangiles canoniques, avec quelques ajoutes imaginatives. La naissance et le mariage de la Sainte Vierge y sont décrits dans les onze premiers chapitres. Ils ont une valeur certaine dans l'indication de la vénération dont Marie faisait l'objet. Ils méritent certainement une lecture attentive.
    Certains spécialistes considèrent que le "Proto-évangile" est un composute de deux ou trois autres documents. Il a été prouvé qu'Origène connaissait cette oeuvre sous le titre du "Livre de Jacques". Il y a des indications que Justin connût aussi ce texte, ou du moins une tradition parallèle. C'est la raison pour laquelle ce texte a été daté du deuxième siècle. Comme certaines portion de ce texte montrent une grande familiarité avec les coutumes juives, il est aussi possible qu'il date d'avant la destruction de Jérusalem et pourrait rapporter des souvenirs de contemporain de Jésus. Il en existe des traductions en Grec ancien, en Syriaque, en Arménien et en Latin.

    L'Évangile de Saint Matthieu

    Il s'agit d'une composition Latine du 4ed ou du 5e siècle, qui est attribuée à Saint Matthieu. Il fut traduit par Saint Jérôme
    Le pseudo-Matthieu suit en grande partie le chemin du Proto-évangile, mais il se base sur les mêmes sources. Il contient cependant plus de merveilleux.
    L'Évangile de la Naissance de Marie est une réécriture du pseudo-Matthieu, mais se termine à la naissance de Jésus. Il en existe un manuscrit Latin du 10e siècle.

    L'Évangile de l'Enfance arabe

    Le texte en arabe est une traduction d'un texte syriaque perdu. Cette oeuvre est une compilation et fait des références aux "Livre de Joseph Caiphas, le Grand Prêtre", L'Évangile de l'Enfance" et "L'Évangile Parfait". Certaines de ses histoires dérivent de "l'Évangile de Thomas", d'autres du pseudo-Matthieu. Il contient le récits de miracles ayant eu lieu en Égypte qui ne sont rapportés dans aucun autre texte. Par exemple, la prédiction faite trente ans d'avance, aux voleurs de la Sainte Famille: Titus et Dumachus, qu'ils seront crucifiés avec lui.
    Il est impossible de dater ce texte. Il est toutefois antérieur à l'avènement de l'Islam. Ce texte est très populaire parmi les Nestoriens Syriaques.
    Une "Histoire de Joseph, le charpentier", d'origine arabe fut publiée par Tischendorf dans sa collection d'apocryphes. Il date du 4e siècle.

    L'Évangile de Gamaliel

    Le Dr. A. Baumstark dans la Revue Biblique (Avril, 1906, p.253 et ss.), a donné son nom à une collection de fragments gnostiques ayant un caractère homogène, qu'un autre savant Copte, le Dr. Reveillout, pense être une partie de "l'Évangile des Douze Apôtres". Ces fragments ont été publiés comme un seul évangile par Lacau, dans "Fragments d'apocryphes coptes de la bibliothèque nationale" (Le Caire, 1904). Ce récit est très proche de l'Évangile de Jean et cite des passages du quatrième Évangile canonique. Il est aussi influencé par "Les Actes de Pilate"> Baumstark le date du cinquième siècle.

    Le Transitus Mariæ ou Évangile de Jean

    Ce texte est attribué à jean, l'apôtre et décrit la mort de Marie. Il a joui d'une grande popularité comme le prouve le nombre de ses traductions et versions. La traduction grecque porte le titre de: "Récit du sommeil de la Sainte Mère de Dieu par Saint Jean, le théologien". Une version latine est préfacée par une lettre de Melito, évêque de Sardes, expliquant que le but de cet écrit était de répondre à une composition hérétique du même titre et du même sujet.
    Un "Transitus Mariæ" est inscrit dans la liste officielle des écrits apocryphes "Decretum of Gelasius" du cinquième ou du sixième siècle. Ce récit est à l'origine de la tradition de l'Assomption.
    Certaines homélies de St. Jean Damascene, "In Dormitionem Mariæ", révèlent l'évidence de cette tradition, par exemple sa seconde homélie, la 11e, la 13e et la 14e.
    Retournant plus en arrière, l'"Encomium" de Modeste, évêque de Jerusalem, au septième siècle et le Pseudo-Dionysius au cinquième (De divinis nominibus, iii), démontrent leur connaissance de ces récits apocryphes en ce qui concerne l'Assomption et la Dormition de la Sainte Vierge. Ces récits ont une base commune, bien que divergeant sur des points de détail.

    (b)Les Évangiles judaïques et hérétiques

    L'Évangile selon les Hébreux

    Clement d'Alexandrie, Origène, Eusèbe et St Epiphane parlent tous d'un "Évangile selon les Hébreux" qui était le seul utilisé par les Judéo-chrétiens de Palestine, connus aussi sous le nom de Nazaréens.
    Jérome l'a traduit de l'Araméen en Grec. Il est évident que ce texte est fort ancien. Il fut remplacé par l'Évangile selon St. Matthieu dans les Communautés de Palestine. Les fragments qui ont survécu montrent une forte ressemblance textuelle. Cet Évangile fut considéré comme canonique et un grand nombre de personnes le considérait avec grand respect. Un certain nombre de ses sections sont communes abec les Synoptiques, mais d'autres rapportent des paroles de Jésus qui ne sont pas reprises dans les Évangiles canoniques.

    L'Évangile selon les Égyptiens

    C'est le titre que fut donné par Clément d'Alexandrie, Origène, Hippolyte et Epiphane à cette oeuvre non-canonique qui circula évidemment en Égypte. La plupart des spéialistes s'accordent pour son emploi par des sectes gnostiques, donc "hérétiques". Son contenu ne nous est connu que par les critiques qu'en ont faites les Pères, mais semble avoir eu une certaine popularité parmi les Coptes.
    L'oeuvre date du second siècle et il n'est pas impossible qu'elle ait influencé les Évangiles canoniques.

    l'Évangile selon Saint Pierre

    L'existence de cette composition apocryphe a été connue depuis fort longtemps. Certains Pères de l'Église affirment qu'elle trouve son origine parmi les chrétiens de vues Docétiques qui l'utilisaient fréquemment. Il témoigne d'une forte ressemblance, parfois littérale, avec les quatre Évangiles canoniques et est pour cette raison un témoignage de leur acceptation dès les premiers siècles. Sa composition est attribuée à la première moitié du deuxième siècle.

    L'Évangile de Philippe

    Il ne reste qu'une seule citation de l'Évangile de Philippe, par Epiphane et Leontius de Byzance; mais elle est suffisante pour en déterminer l'orientation.

    L'Évangile de Thomas

    Il en existe deux versions Grecques et deux Latines qui divergent assez fort les unes des autres. On a aussi trouvé une version Syriaque. Une version plus proche de l'original a été découverte en 1946 à Nag Hammasi en Haute Égypte.
    Cet Évangile fut connu de bien des Pères. La mention la plus ancienne est faite par Hippolyte (155-235), qui nous dit qu'elle était en usage parmi une secte de Gnostique Syriens. Origen le classe parmi les écrits hérétiques. St. Cyrile de Jerusalem déclare son emploi par les Manichéens; Eusebe le rejette comme douteux et hérétique.
    Depuis sa redécouverte de 1946, ces opinions ont été contestées et de nombreux chrétiens voient dans l'Évangile de Thomas un florilège de paroles de Jésus qui est capable de renouveler leur foi.

    L'Évangile de Bartholomé

    Le Décret de Gélase classe l'Évangile de Bartholomé parmi les apocryphes. La première référence à ce tetxte est faite par St. Jérome. On ttribue ce texte à al première moîtié du quatrième siècle.

    Un Évangile de Matthias est mentionné par Origen et Eusèbe parmi la littérature hérétique, avec celui de Pierre et de Thomas. among the heretical literature along with the Peter and Thomas Gospels. Hippolyte déclare que les Gnostiques Basilides l'appelaient "Le Discours Secret" qui leur avait été communiqué par l'Apôtre Matthias qui avait reçu des instructions privées du Seigneur. Clement d'Alexandrie cite avec respect, en plusieurs occasions, cette "Tradition de Matthias".

    L'Évangile des Douze Apôtres

    Un Évangile des Douze Apôtres était connu d'Origène au troisième siècle.
    Il est probable que ce texte fut écrit en Grec, à l'origine et fort en usage parmi les Gnostiques Ebionites dès le deuxième siècle. Il existe un "Évangile des Douze Apôtres" plus tardive et entièrement orthodoxe en Siriaque.

    Autres Évangiles

    Il existe un assez grand nombre d'autres Évangiles dont les textes sont perdus ou ignorés, en dehors de leurs noms. Il exista un Évangile de Saint André, probablement identique aux "Actes d'André", un Évangile de Barnabé, un Évangile de Thadde, un Évangile d'Eve, et même un Évangile de Judas Iscariote.

    (2) LA LITÉRATURE DE PILATE ET AUTRES APOCRYPHESCONCERNANT LE CHRIST

    Tandis que la chrétienté était en compétition avec les diverses religions de Rome, il y eu parmi eux une tendance à insister sur le rôle joué par les représentants de Rome dans la vie de Notre Seigneur. Ils composèrent un temoignage de Ponce Pilate, le procureur de Judée, au prix d'exagérations, comme une arme de défense, le faisant un témoin officiel de miracles lors de la Crucifixion et de la Résurrection du Christ.
    Ainsi la litérature considérable de Pilate, dont l'Évangile de Gamaliel fait partie, est caractérisée par l'exagération de la faible défense de Jésus en une forte sympathie et une croyance pratique de sa divinité.

    Le Rapport de Pilate à l'Empereur.

    Dand les Actes apocryphes de Pierre et Paul, se trouve une lettre qui aurait été envoyée par Ponce Pilate à l'Empereur Claudius. Elle rapporte brièvement le crime fictif des Juifs persécutant le Messie qui leur fut promis par leur Dieu; elle énumère Ses miracles et déclare que les Juifs accusèrent Jésus d'être un magicien.
    Cette composition est clairement apocryphe. On pourrait être tenté de rapprocher cette missive au Actes et Gestes de Pilate, auxquels elle ressemble.
    Tertullien (Apologie, xxi) après avoir donné le récit des miracles de la Passion du Christ, poursuit: "Toutes ces choses, Pilate . . . a annoncé à César Tibère."
    Dans les chapitres 35, 38 et 48 de l'Apologie de Justin, ce Père cite avec confiance la preuve des miracles de la Passion de Jesus parce que ces "Actes" ont été enregistrés dans les archives impériales. Il est possible que Justin ait entendu un tel rapport, il est même probable que le Procureur ait signalé à Rome les événements de Jérusalem, mais il est plus que certain que les assertions de Justin ne soient rien d'autre qu'une hypothèse.
    D'autres "Actes de Pilate", anti-chrétiens, furent écrits sous les persécutions par Maximin au quatrième siècles qui furent composés en Syrie, comme nous le rapporte Eusèbe.

    Actes de Pilate (Évangile de Nicodème)

    Voir la note sous ce dernier titre.

    L'apocryphe mineure de Pilate

    L'apocryphe mineure de Pilate, l'Anaphora Pilati, ou "Récit de Pilate", est souvent trouvé en annexe des textes des Actes. On suppose qu'il s'agit d'une oeuvre plus tardive composée au cinquième siècle. On le trouve dans des manuscrits avec le Paradoseis ou "L'abandon de Pilate", qui est la forme la plus ancienne des légendes de la vie postérieure de Pilate. Un récit Latin plus tardif Epistola Pilati ad Tiberium. est une correspondance supposée comprenant une Lettre d'Hérode à Pilate et une Lettre de Pilate à Hérode. On les trouve en Grec et en Syriaque dans un manuscrit du sixième ou du septième siècle, mais on les pense plus anciennes.

    Le Récit de Joseph d'Arimathie

    Le Récit de Joseph d'Arimathie offre des détails sur les deux voleurs crucifiés avec le Christ ainsi que l'octroi de son Corps par Pilate. Ce texte fut très populaire au Moyen Âge dans l'est Bysantin si l'on considère le grand nombre de manuscripts grecs qui nous restent. Le plus ancien fut publié au douzième siècle. Ce récit fut ajouté à certains textes Latins comme les Actes de Pilate, sous le nom de l'Histoire de Joseph.

    La Légende d'Abgar

    La plus ancienne forme de pseudo-correspondance fut celle entre entre Jésus et Abgar, roi d'Edessa, que l'on trouve dans Eusèbe (Historia Ecclesiastica, I, xiii), que ce dernier traduisit de documents en Syriaque qu'il trouva dans les archives de sa ville, une métropole de la Syrie de l'Est.
    Les deux lettres sont accompagnées d'une introduction qui a probablement la même source. Une note d'Eusèbe racconte: Tout ceci se passa en l'an 340 de l'ère Séleucide (28-29 de notre ère). On trouve des variantes plus tardives dans "Les enseignements d'Addai" qui reproduit la correspondance avec des additions.

    L'autenticité de la correspondance du Christ a été violemment contestée. Dès le sixième siècle, le Décret Gélasien la caractérise comme douteuse. Son environnement légendaire ainsi que le fait que l'église du temps ne l'ait pas considéré comme un document sacré témoigne contre elle. Pourtant cette correspondance ressemble fort aux Évangiles et en contient des passages entiers. Lipsius, qui est reconnu comme ayant une grande autirité en la matière, exprima l'opinion que la correspondance date du reigne du premier roi chrétien d'Edessa, Abgar IX (179-216), et qu'elle fut écrite pour forger un rapport entre cette époque et le temps du Christ.

    Lettre de Lentulus

    Une courte lettre décrivant une apparition personnelle de Notre Seigneur est attribuée à Lentulus, ou Publius Lentulus, "Président du peuple de Jerusalem", adressée au "Sénat et au peuple de Rome". Il s'agit évidemment d'une fraude puisque la fonction ni le nom du président de Jerusalem n'ont pas de base historique. L'auteur original reste introuvable puisqu'on n'en possède que des traductions en Latin. les spécialistes pensent que ce textes fut redigé pour autentifier un portrait prétendy de Jésus, pendant le Moyen Âge.

    (3) ACTES DES APÔTRES APOCRYPHES

    Le motif de la rédaction de ces textes est, en général, de fournir un support apostolique aux chefs des églises plus tardifs, aussi bien Catholiques que Gnostiques.
    Le silence que le Nouveau Testament passe sur les carrières missionnaires et sur la fin d'un grand nombre d'apôtres, ainsi que les maigres détails laissés par la tradition ecclésiatique ont invité l'invention imaginative et un moyen de publicité. L'Église Judéo-chrétienne fut la première à produire des histoires des apôtres dont il nous reste fort peu de textes en dehors des oeuvres volumineuses su pseudo-Clément. Les Actes de Pierre, d'André, de Jean, de Thomas et peut-être de Matthieu, datent tous de la première partie du troisième siècle ou d'un peu plus tôt. Ils abondent d'histoires colorées et de longs discours exposant des doctrines diverses, en grande partie Gnostiques. Sous prétexte qu'elles furent utilisées par les Manichéens et les Priscilliens, ils furent fort critiqués et les "orthodoxes" leur firent la chasse. Mais de nombreux Catholiques les utilisaient aussi, il ne fut donc pas possible d'en supprimer entièrement leur distribution. On en supprima, dans de nombrueses copies, les passages considérés comme erronnés, en particulier dans les discours, n'y laissant que les récits de miracles parfois exagérés. Pourtant, la "purification catholique" de ces textes n'est que superficielle et d'importantes traces Gnostiques y demeurent. Les Actes apocryphes furent réunis dans des collections portant le nom de periodoi (Circuits) ou praxeis (Actes) des apôtres et attachés au nom d'un certain Leucius Charinus, qui en fit la compilation. Une autre collection fut faite par un moine de l'Église franque du sixième siècle qui conserva aussi des Actes catholiques mais qui ne furent pas uniformes dans leur forme. Abias, qui fut considéré comme le premier évêque de Babylone et un disciple des apôtres écrivit "l'Historia Certaminis Apostolorum". L'essentiel de cette collection fut formé par les Passiones, ou Martyres de ces apôtres qui avaient été négligés par les Actes Gnostiques et appribués à Jacques (deux versions), Philippe, Martholomé, Simon et Jude. Cette littérature grandit avec le temps pour contenir l'histoire de tous les apôtres, y compris Saint Paul.

    (a) Les Actes des Apôtres Gnostiques

    Actes de St. Pierre

    Il existe une version Latine et une autre Grecque du Martyre de Pierre, ainsi qu'une lettre attribuée au pape Linus, qui d'après les citations patristiques sont reconnues comme la conclusion d'un récit intitulé: "Les Actes et circuits (voyages) de Pierre". Un autre manuscrit portant le nom de "Actus Petri cum Simone", contient une traduction de plusieurs passages du récit original qui précéda le Martyre. Cette oeuvre ne contient que quelques traces de Gnosticisme, parce qu'elle a été "purgée" par un auteur Catholique. Le texte rapporte le triomphe de Pierre sur Simon le Mage à Rome et sa crucifixion ultérieure. ces Actes datent de la plus haute antiquité.

    Les Actes de St. Jean

    Il est probable que ces Actes aient été composés par la même personne que les Actes de Pierre et d'André, dans la dernière partie du deuxième siècle. Ils sont attribués à un disciple de Jean, appelé Leucius. Clement of Alexandria was Les Actes johannites du Pseudo-Prochorus sont une version Catholique ayant retravaillé le matériel Gnostique antérieur.

    Les Actes d'André

    Les Actes d'André furent notés par plusieurs auteyrs ecclésiatiques, comme circulant parmi les sectes Gnostiques et Manichéennes. Le texte original est perdu et il n'en reste aue quelques fragments dans des citations patristiques. Nous possédons trois Actes, sous des noms différents, qui prouvent son acceptation comme orthodoxe de l'oeuvre originale, qui sont:

    1. "Les Actes d'André et de Matthias"
    2. "Les Actes de Pierre et André"
    3. "Le martyre de l'apôtre André".
    La langue originale est le Latin et ne peut dater d'avant le début du cinquième siècle.

    Les Actes et le Martyre de Matthieu

    Les Actes et le Martyre de Matthieu ont des liens etroits avec les Actes de Matthieu (voir ci-dessus). Le nom de Matthieu peut être une erreur. Il pourrait être "Matthias", puisqu'on y parle du companion de Pierre et de Matthieu. Il existe des versions Greques et Latines. Il existe aussi une version Coptique éthiopienne du Martyre de Matthieu.

    Les Actes de Thomas

    Ce texte nous est parvenu en des versions Grecques, Syriaques et Éthiopiennes et sont aussi complètes que les Actes de Thomas. Comme les autres écrits de ce genre, ils ont été "retouchés" par des auteurs Catholiques. Le texte original est d'origine Syrienne et son auteur un adapte de Bardesanes. Ce qui restait de ce texte du troisième siècle fut traduit par St. Thomas d'Edessa en 232. Ces Actes rapportent les prodiges accomplis par l'apôtre aux Indes ainsi que le martyre qu'il y subit. Le texte contient des hymnes d'une remarquable beauté.

    Les Actes de Bartholomé

    Une version grecque du Martyre a survécu qui date du cinquième ou du sixième siècle; ainsi qu'un texte Latin, la "Passio Bartholomæi".

    (b) les Actes apocryphes Catholiques des Apôtres

    Les Actes de Pierre et Paul

    Ce texte doit être distingué de la version Gnostique des Actes de Pierre. La légende orthodoxe se compose de deux groups:

    C'est dans ce texte que l'on trouve le récit populaire de "Quo Vadis?" ainsi que la situation de la tombe de Pierre "à un endroit appelé le Vatican". La date de la composition est obscure.

    Les Actes de Paul

    Origène et Eusèbe utilisent le nom de praxeis Paulou pour décrire cette oeuvre; Tertullien parle de fausse écritures attribuées à Paul: "Quod si Pauli perperam inscripta legunt." Il met en garde les lecteurs contre le récit rapportant que Thecla préchait et baptisait, parce qu'il considérait impossible un authentique apostolat fait par une femme. On penssa longtemps qu'il existait un rapport entre les "Actes de Paul" et les "Actes de Paul et Tecla. Les Actes de Paul ont été perdus. Mais des découvertes subséquentes ont établi que le fait que ces textes ainsi que la correspondance de Paul à Tecla ne sont que des extraits des åctes de Paul originaux. Heureusement, Tertulien nous informe du nom de l'auteur et de l'intention du livre. (De Baptismo, xvii). Il s'agit d'un prêtre d'Asie Mineure qui fut déposé de sa charge ecclésiatique pour l'avoir écrit et qui confessa l'avoir écrit par amour pour Saint Paul. Il date du deuxième siècle et fut très populaires parmi les chrétiens d'orient et d'occident. En fait Eusèbe le classe parmi les antilegomena, ou les oeuvres locales possédant presque une autorité canonique.

    Les Actes de Paul et de Thecla

    Ce texte eut longtemps un usage ecclésiatique, comme les Actes de Paul, en dépit des remarques de Tertulien. Il connut une popularité persistante pendant la période patristique jusqu'au Moyen Âge qui est probablement dûe à la simplicité de son language et à un style romantique. On y rapporte l'apostolat de Thecla, une jeune femme d'Iconium, qui fut convertie par Paul, devint sa compagne et souffrit les persécutions. Ce texte prouve qu'aux premiers temps de l'Église, le sacerdoce fut aussi confié aux femmes.

    Les Actes de Philippe

    L'ensemble consiste en des tradition confuses des activités missionnaires de l'apôtre Philippe à Hierapolis en Phrygie. On doit aussi signaler des "Actes de Philippe" d'origine Copte.

    Il existe aussi des récits d'origine Latine, Copte, Éthiopienne et Arméniennes des missions et de la mort de Jacques le Majeur, fils de Zébédée qui dateraient du troisième siècle.

    Les Actes de Matthieu

    Les Actes apostoliques du Pseudo-Abdias contiennent une "Passio Sancti Matthæi" latine, qui préserve une légende Abyssinienne de St. Matthieu, plus tardive que le Martyre Copte de ce saint. Il s'agit probablement d'une tentative de faire remonter la fondation de l'Église Copte aux temps apostoliques, mais elle ne fut fondée qu'au quatrième siècle. Le texte date de cette époque. Le noyau de texte consiste en des sources plus anciennes. La Passio d'Abdias place le martyre de St. Matthieu en Abyssinie.

    L'Enseignement d'Addai (Thaddée)

    Ce texte ancien syriaque fut publié pour la première fois en 1876 sous le titre des "Enseignements d'Addai, l'Apôtre. Il montre un forte ressemblance avec les textes d'Abgar qu'Eusèbe découvrit dans les archives d'Edessa qui furent déposées dans ces archives par son auteur dont le nom est Labubna, fils de Senaak. Thaddée,ou Addai, et l'un des sept disciples qui fut envoyé à Abgar en accord avec la promesse du Christ. On place ce texte entre l'an 399 et 430. La légende de Thaddée a de nombreuses ramifications et souffrit de plusieurs variations. Il existe des "Actes de Thaddeus" grecs qui identifient Addai comme Thaddée oou Lebbæus, l'un des Douze.

    les Actes de Simon et Jude

    Une Passio Latine, qui serait du quatrième siècle, racconte les miracles, conversions et martyres de ces apôtres. On le trouve dans la collection d'Abdias. On y reconnaît une description historique qui est en accord avec ces Actes et s'accorde remarquablement avec les conditions de l'empire Parthe du premier siècle.

    Les Actes de Barnabé

    Les Actes de Barnabé apparaîssent être composés à la fin du cinquième siècle par un Cypriote. Ils se réclament de Marc l'évangéliste et n'ont aune valeur historique. Il en existe deux versions: une latine et l'autre grecque. Le récit se rapporte aux activités de Barnabé, Marc et Paul, telles qu'elles sont rapportées dans les Actes des Apôtres.

    La "Gesta Matthiæ"

    Voici le pseudo-Acte le plus récent qui fut composé à Trèves au douzième siècle comme le prélude au récit de la translation des reliques de St. Matthieu dans cette ville et de leur redécouverte. L'auteur prétend avoir dérivé l'histoire de la carrière de l'apôtre d'un manuscrit Hébreu.

    (c) Les Actes quasi-Apostoliques

    On doit mensionner les "Actes de Marc" des cette catégorie. Ils sont originaire d'Alexandrie et composés au quatrième ou au cinquième siècle. Les "Actes de Luc", un texte Copte probablement de la fin du quatrième siècle; "Les Actes de Timothée", composés par un Éphésien après 425; "Les Actes de Tite", d'origine Crétoise écrit entre 400 et 700; "Les Actes de Xanthippe et de Polyxena", établissent un contact avec les légendes de Paul et d'André.

    (4) OEVRES APOCRYPHES DOCTRINLES

    Le Testament de Notre Seigneur Jésus

    On sait qu'une oeuvre Syriaque existait sous ce nom qui fut publiée par Monseigneur Rahmani, Patriarche des Syriens unifiés. Une traduction latine: Testamentum Domini Nostri Jesu existe aussi. Cette oeuvre consiste en deux livres qui commencent par une Apocalypse. Certaines directives y sont données pour le gouvernement et l'observance des rituels de l'Église tels qu'elle ont prévalu dans les périodes précédentes et celle de l'auteur. Il existe une relation entre ce texte et d'anciens Canons liturgiques, des Constitutions et Canons Apostoliques. L'ouverture apocalyptique a été traduite et reproduite dans un manuscrit Latin du huitième siècle "Apocrypha Anecdota".

    La prédication de Pierre ou Kerygma Petri.

    Clément d'Alexandria cite un kerygma Petrou à plusieurs reprises. Il n'a donc aucun doute de la crédibilité de ce texte. par contre Eusèbe le classe parmi les Apocryphes. Une "Doctrine de Pierre", est mensionnée par un auteur plus tardif. On pense que "Doctrine" serait équivalent de "Prédication". On ne peut se faire qu'une idée fort imparfaite de cette oeuvre car il n'en reste que peu de fragments. ces fragments ne dénoncent aucune origine hétérodoxe. On doit aussi noter une "Prédication de Simon Pierre dans la Cité de Rome", d'origine Syriaque.

    Les Deux chemins ou Judicium Petri

    Ce traité moralisateur est attribué à St. Pierre et sert de préface à la Didachè. Il s'agit d'une oeuvre Judéo-Chrétienne probablement basée sur "L'Epître de Barnabé".

    La prédication de Paul

    Le seul témoin de l'existence de cette oeuvre est le Traité "De Rebaptismo" du pseudo-Cyprien. On y représente Jésus confessant ses péchés et forçant sa mère à recevoir le baptème.

    (5) LES ÉPÎTRES APOCRYPHES

    Les Épîtres de la Sainte Vierge

    Tous ces écrits ont été composés en Latin et à une période tardive.

    L'épître de Pierre à Jacques le Mineur

    Les Homélies Clémentines contiennent deux lettres comme préface. La première serait de Pierre à Jacques le Mineur lui recommandant de garder secrètes ses prédications.

    La troisième Épître de Paul aux Corinthiens.

    L'ancienne Église Syriaque révère la Troisième Épître de Paul aux Corinthiens comme canonique. Celle-ci est accompagnée d'une lettre aux pasteurs de cette Église qui en est la réponse. Ces documents furent adoptés par les Arméniens et firent partie du Nouveau Testament Arménien. Il en existe des traductions grecques. Il est évident que cette Lettre se base sur un texte paulinien authentique perdu qui a été cité dans I Cor. 5:9 et 7:1. Elle fut composée par un prêtre cers l60-170, et se distingue par un attaque déguisée de certaines erreues du Gnosticisme. Cette correspondence eut une longue circulation indépendante et fut incorporée dans les Actes de Paul.

    L'Épître aux Laodicéens

    Paul, dans son épître aux Colossiens, après les avoir instruits d'envoyer ses Épîtres à Laodicée ajoute: "lisez celles des Laodicéens". Bien que les spécialistes des siècles derniers affirment que Paul fait référence à l'Épître canonique aux Éphésiens, on devrait y voir la preuve de l'existence d'au moins une Lettre aux Chrétiens Laodicéens qui serait persue. L'Épître apocryphe, d'après eux serait une tentative de remplace le document sacré. Il consiste en une vingtaine de lignes et contient des extraits des Philippiens et d'autres Épîtres qui y sont placés en désordre. L'oeuvre n'existe qu'un Latin, mais conserve des tournures du Grec original. Cette compilation fut fréquemment copiée au Moyen Âge et gagna un certain degré de respect.

    La Correspondance de Paul et de Sénèque

    Cette correspondance consiste en huit lettre du philosophe stoïque Sénèque et de six reponses de Paul. Elle est la correspondance citée par Jérôme (de Viris Illustr., xii), qui ne la juge pas, mais note qu'elle a de nombreux lecteurs. ces lettres ne peuvent donc pas être antérieures au quatrième siècle.
    On doit aussi signaler l'existence d'une Lettre de Jean, l'apôtre à un homme souffrant d'oedème, le guérissant de sa maladie; une de Jacques, évêque de Jérusalem à to Quadratus, en Arménie.

    (6) LES APOCALYPSES CHRÉTIENNES APOCRYPHES

    L'Apocalypse du Testament de Notre Seigneur Jésus Christ.

    (Voir la section sur le Testamentum ci-dessus.)

    L'Apocalypse de Marie

    L'Apocalypse de M arie est d'origine moyenageuse, qui décrit la Mère descendant dans les Limbes. Il en existe des textes en grec.

    Les Apocalypses de Pierre

    Un fragment du deuxième siècle, écrit à Rome, cite les Apocalypses de Jean et de Pierre côte à côte comme les seules acceptées dans cette Église. Il existe de nombreuses preuves que l'Apocalypse de Pierre fut considérée comme authentique dans l'Église primitive et jouit d'une autorité canonique. Clément d'Alexandria en parle dans ses Commentaires; Eusèbe (Hist. Eccl., VI, xiv, 1), la place en égalité avec les antilegomena parmi les meilleurs des écrits disputés. Jérome la rejette sans commentaire. Elle fut pourtant lue publiquement au milieu du cinquième siècle dans les Églises de Palestine. Les rares références patristiques sont incapables de fournir une idée de son contenu, mais les découvertes subséquentes en Égypte de fragments considérables ont permis sa redécouverte.
    Il existe aussi une Apocalypse de Pierre par Clément, le "Liber Clementis" ainsi que plusieurs autres textes arabes et Éthiopiens qui n'ont rien à voir avec la version en Grec ancien.

    L'Apocalypse de Paul

    Une note prétend que cette oeuvre fut trouvée dans un réceptacle de marbre sous la maison de Paul à Tarse, sous le reigne du Roi Théodose (379-395), sur une indication faite par un ange. Le texte révèle les secrets vus par l'apôtre pendant son transport au troisième ciel, dont on fait état dans II Cor., 12:2. Il fut composé en Grec. On doit distinguer de cette Apocalypse paulinienne une oeuvre Gnostique inyitulée "L'Ascension de Paul", dont parle Épiphane, mais dont il ne reste aucune trace. Il y a aussi une "Apocalypse de Jean" d'origine beaucoup plus tardive. En ce qui concerne l'Apocalypse de Bartholomée , voir l'Évangile de Bartholomée ci-dessus.