par C.W.Leadbeater
Cinquième Édition - 1931
Disponible chez Les Éditions Adyar,
4, Square Rapp, Paris (7e)
Chapitre | |
1 | Introduction |
2 | Principes généraux |
3 | La La Divinité |
4 | Le Composé humain. |
5 | La Réincarnation |
6 | Un Aperçu nouveau de la nature humaine. |
7 | La Mort |
8 | Le Passé de l' homme et son Avenir |
9 | La Cause et l' Effet |
10 | Les Bienfaits de la Théosophie |
Appendice | La Société Théosophique |
CHAPITRE
-1-
INTRODUCTION
CE QU 'EST LA THÉOSOPHIE
Des siècles durant, les hommes ont discuté, argumenté,
multiplié leurs recherches au sujet de certaines grandes
vérités
primordiales, telles que l' existence et la nature de Dieu, ses rapports
avec l' humanité, le passé et l' avenir de celle-ci.
Ils ont acquis sur ces points des convictions si radicalement
différentes,
des croyances qu 'ils ont mutuellement attaquées et ridiculisées
avec tant d' amertume et d' âpreté, que dans l' esprit
des masses il a fini par s' ancrer solidement une opinion des plus
simplistes : à savoir que, sur de telles questions, l' on
ne peut obtenir aucune certitude et que tout se borne à de
vagues théories, à des spéculations nébuleuses,
du sein desquelles émerge de temps à autre, quelque
déduction fausse, tirée de prémisses mal posées.
Et contre cette opinion des foules n' ont pu prévaloir
les assertions nettes et précises - mais souvent
incroyables aussi - des diverses religions positives.
Est-il nécessaire d' affirmer que cette croyance populaire
- que l' on s' explique, d' ailleurs - est absolument
erronée?
Il existe des faits précis et certains; il en existe beaucoup.
La théosophie nous les présente, mais - au
contraire des Religions - elle nous les présente comme des
sujets d' étude et non comme des articles de foi. Elle n'
est point par elle-même une religion; elle est aux religions
ce que leur
étaient les anciennes philosophies. Elle ne les contredit
pas, elle les explique. Elle rejette comme nécessairement
indigne de la Divinité, comme opposé à la Divinité
ce que l' une ou l' autre de ces religions peut renfermer d' absurde
et de déraisonnable; mais ce qu' il y a de raisonnable dans
leur ensemble ou dans l' une quelconque d' entre elles, la Théosophie
le prend, l' explique et le commente, combinant les vérités
particulières en un tout harmonieux.
Elle affirme que sur tous les points de première importance
on peut connaître la vérité et qu 'elle est,
de fait, largement connue. Elle considère toutes les religions,
si différentes qu' elles paraissent, comme l' expression
de vérités identiques, mais envisagées à
des points de vue et sous des aspects différents; car, en
dépit
des divergences que l' on relève entre leurs nomenclatures
et leurs articles de foi, toutes concordent sur les seules questions
réellement importantes : le genre de vie que doit mener un
honnête homme; les qualités qu' il lui faut cultiver;
les vices qu' il doit fuir. Sur ces points d' ordre pratique, étudiez
l' Hindouisme ou le Bouddhisme, le Zoroastrisme ou le Mahométisme,
le Judaïsme ou le Christianisme, et vous découvrirez
que leurs enseignements sont identiques.
On peut représenter la Théosophie, à qui ne
la connaît aucunement, comme une savante hypothèse cosmogonique.
Pour ceux néanmoins qui l' ont étudiée, ce n'
est pas une simple théorie; c' est l' expression de faits positifs.
C' est une science précise, que l' on peut creuser comme toute
autre science, et ce qu 'elle nous apprend est susceptible de vérification
expérimentale de la part de quiconque veut bien se donner
la peine de s' adapter aux conditions nécessaires. Elle est l'
affirmation des grands faits naturels, l' explication de tous ceux
que connaît la science; elle est enfin la description schématique
du coin du monde que nous habitons.
COMMENT ON SAIT CELA
Comment ce schéma a-t-il été connu? Qui l'a
découvert,
demandera-t-on? Nous ne pouvons dire qu' il a été découvert,
car, en réalité, l' espèce humaine l'a toujours
connu, bien que cette connaissance ait pu disparaître momentanément
sur certains points du globe. Il a toujours existé un collège
d' hommes hautement développés - non point
d' une seule nation, mais de toutes les nations civilisées -
lesquels ont pleinement possédé cette connaissance;
et toujours ces hommes ont eu dès disciples, étudiant
à fond cette vérité sous leur direction,
tandis que les principes généraux en étaient
vulgarisés au dehors. Cette réunion d' hommes hautement
développés existe maintenant encore comme autrefois,
et c' est à leur instigation que les enseignements théosophiques
sont donnés au monde occidental par l' intermédiaire
de quelques-uns de leurs disciples.
Ceux qui ne savent rien ont parfois objecté avec une âpre
insistance que, s' il en était ainsi, ces vérités
auraient dû depuis longtemps
être publiées, et ils ont très injustement reproché
aux possesseurs d' une telle connaissance d' avoir, par un coupable
silence, mis en quelque sorte la lumière sous le boisseau.
Mais ces critiques oublient un point: c' est que quiconque a réellement
cherché ces vérités a toujours pu les trouver,
et que le monde occidental vient seulement de commencer cette
recherche.
Pendant des siècles et des siècles, les Européens,
pour la plupart, se sont contentés de vivre dans la plus
grossière
des superstitions, et quand, à la fin, une réaction
est venue les arracher à l' absurdité de leurs croyances
bigotes, cette même réaction a amené une période
d' athéisme aussi absurde et aussi aveugle que les croyances
qu' il avait remplacées.
De sorte qu'en réalité ce n' est pas avant l' époque
où nous vivons en ce moment que quelques hommes parmi les
plus modestes et aussi les plus sages ont commencé à se
rendre compte qu 'ils ne savaient rien et à se demander si
tout de même on ne pourrait pas apprendre quelque chose.
Bien que ces chercheurs raisonnables ne soient encore qu 'une petite minorité, la Société Théosophique a été fondée dans le but de les réunir et ses livres sont publiés pour que tout homme qui le désire puisse lire, noter, apprendre et s' assimiler ces grandes vérités. La mission de la Société Théosophique n' est point d' inculquer de force sa doctrine à des esprits rebelles, mais de l' offrir simplement, de façon que puisse la prendre quiconque en éprouvera le besoin. Nous ne subissons nullement l' illusion du missionnaire dont la triste arrogance ose condamner à une éternité de peines tout homme qui ne prononce pas son petit symbole particulier. Nous savons parfaitement qu 'à la fin tout ira bien pour ceux-là; mêmes qui maintenant croient impossible d' admettre la vérité; oui, aussi bien pour ces hommes que pour ceux qui la reçoivent avec avidité. Mais, pour nous et pour des milliers de nos semblables, la connaissance de cette vérité a rendu la vie plus facile à supporter et la mort plus douce à envisager, et c' est le simple désir de faire profiter nos frères de tels avantages qui nous pousse à écrire et à parler sur de tels sujets.
Depuis des
milliers d' années, les vérités principales
de la grande doctrine ont été connues sur presque
toute la surface du globe. Elles le sont encore. Nous seuls,
Occidentaux,
dans notre incroyable suffisance, nous avons persisté à
les ignorer, éclatant même d' un rire méprisant
chaque fois qu 'une parcelle de ces vérités venait à
se présenter sur notre chemin. Dans la science de l' âme
comme dans toutes les autres sciences, les notions les plus circonstanciées
ne sont possédées que par les chercheurs qui consacrent
leur vie à cette branche particulière. Les hommes
qui ont ici la pleine connaissance - ceux que l' on appelle
des Adeptes - ces hommes ont, avec patience, développé
en eux-mêmes les facultés nécessaires à
de pareilles observations. Il y a donc à ce point de vue une
différence entre les méthodes de l' investigation
dite occulte et les procédés applicables aux formes
plus modernes de la science. Celle-ci voue toute son énergie
au perfectionnement de ses appareils, tandis que la méthode
occulte vise plutôt au développement de l' observateur
lui-même.
LA MÉTHODE D' OBSERVATION
Détailler ce développement réclamerait plus
d' espace qu' il ne peut en être accordé à cette
question dans un manuel élémentaire comme celui-ci.
On trouvera dans d' autres ouvrages théosophiques le schéma
complet de ce développement. Pour l' instant, qu' il me
suffise de dire que c' est entièrement une question de
vibrations. Nous n' acquérons aucune connaissance du monde
extérieur
qu' au moyen de vibrations d' une espèce ou d' une autre,
qu' elles agissent sur notre vue, notre oreille ou notre toucher.
Si
donc un homme parvient à se rendre sensible à des vibrations
supplémentaires, il acquerra un supplément de perceptions
extérieures; il deviendra par exemple ce que l' on appelle
communément un clairvoyant .
Ce mot de « clairvoyance
», dans son acception usuelle, n' exprime rien de plus qu 'une
légère extension de la vision normale : mais l'
homme peut devenir de plus en plus réceptif ; pour des
vibrations de plus en plus subtiles, jusqu'au ce que sa conscience,
s' appuyant
sur mainte faculté nouvellement développée,
finisse par suivre librement des routes nouvelles et aussi plus
hautes. Alors,
il voit s' ouvrir devant lui ce qu' il prend pour des mondes d' une
matière plus subtile et ce qui n' est en réalité
que des régions nouvelles de ce même monde, dont nous
connaissons déjà quelques territoires. Il apprend
de la sorte que, toute sa vie durant, un vaste univers imperçu l' enveloppe et l' affecte constamment de mille manières,
même
quand il reste aveuglément inconscient de cet univers. Mais,
lorsqu' il développe les facultés par lesquelles il
peut entrer en contact avec ces mondes nouveaux, il lui devient
possible
de les observer scientifiquement, de répéter souvent
ses observations, de les comparer avec celles d' autres hommes,
de
les cataloguer et d' en tirer les déductions qu' elles comportent.
Tout cela a été fait non pas une fois mais des milliers
de fois. - Les Adeptes dont j' ai parlé ont consacré
tous leurs efforts à cette oeuvre, et nos propres chercheurs
de la Société Théosophique ont aussi dirigé
les leurs vers le même but. Grâce à nos investigations,
nous avons pu non seulement vérifier un grand nombre des
renseignements qui nous avaient été donnés
par les Maîtres
au début, mais encore en expliquer et en compléter
beaucoup.
La contemplation de cette partie habituellement invisible de notre
monde porte tout d' abord à notre connaissance un vaste ensemble
de faits entièrement nouveaux et du plus grand intérêt.
Elle nous donne graduellement la solution des problèmes les
plus difficiles de la vie; elle éclaircit bien des mystères;
elle nous fait comprendre précisément pourquoi ils nous
paraissaient des mystères jusqu 'alors; c' est parce que nous
ne voyions qu 'une petite partie des faits; c' est parce que, au lieu
de nous élever au-dessus d' eux pour en embrasser l' harmonieux
ensemble, nous les regardions d' en bas et qu' alors ils nous semblaient
incohérents et en quelque sorte dissociés. Oui, la Théosophie,
en un instant, tranche un grand nombre de ces questions qui ont été
le plus discutées, celle, par exemple, de la continuité
de l' existence humaine après la mort. Elle nous fournit la
véritable explication de tout ce que les différentes
Églises nous affirment de si impossible au sujet du ciel, de
l' enfer, du purgatoire. Enfin, elle éclaire notre ignorance
et dissipe notre crainte de l' inconnu en nous donnant de l' univers
entier une notion rationnelle et claire que je vais essayer maintenant
de vous faire connaître.
CHAPITRE -2-
PRINCIPES GENERAUX
Mon vif désir est de vous donner de la Théosophie une
idée aussi claire et aussi facilement compréhensible
que je pourrai le faire. Aussi, je n' énoncerai, sur chaque
point particulier, que les principes généraux seulement.
Les lecteurs, s' ils souhaitent un complément d' informations,
voudront bien se reporter à des ouvrages plus importants et
aux monographies qui ont été écrites sur chaque
sujet spécial. Je donnerai à la fin des chapitres de
ce petit traité une liste de ces ouvrages qu 'auraient à
consulter les personnes désireuses d' approfondir un système
aussi attrayant.
Je commencerai donc par le simple énoncé de ce qu' il
y a de plus frappant dans les principes généraux que
permet d' établir l' étude de la Théosophie.
Certains lecteurs pourront trouver ici des assertions qui leur paraîtront
incroyables, absolument opposées à leurs idées
préconçues. Qu 'ils veuillent bien se rappeler que ce
que je leur expose, je ne le leur soumets pas comme une simple théorie,
comme une spéculation métaphysique ou une opinion religieuse
qui me serait propre, mais comme un ensemble de faits scientifiques
prouvés et analysés mainte et mainte fois, non seulement
par moi, mais par bien d' autres personnes encore.
Je proclame de plus que cet ensemble de faits peut être vérifié
directement par quiconque aura la volonté de consacrer de
son temps et de sa peine ce qu' il en faut pour s' adapter à cette
recherche. Je n' offre pas à mon lecteur un Credo qu'
il devra avaler comme une pilule; j' essaie de placer devant ses
yeux un système
qu' il étudiera et, mieux encore, de lui dire comment il doit
vivre. Je ne réclame de lui nulle foi aveugle. Je lui demande
simplement de considérer la Théosophie comme il considérerait
une autre hypothèse, bien que pour moi, elle ne soit point
une hypothèse, mais la plus vivante des réalités.
Cette prétendue hypothèse, s' il la trouve plus satisfaisante
qu' aucune de celles qui lui ont été soumises jusqu
'à ce jour, si elle lui parait; résoudre un plus
grand nombre des problèmes de la vie, répondre a
un plus grand nombre des questions qui, nécessairement,
se dressent devant le penseur, eh bien! alors il en approfondira
davantage l' étude
et il y trouvera, je l' espère et je le crois,la satisfaction
toujours grandissante et la joie Intérieure que j' y ai moi-même
trouvées. Si, au contraire, il juge préférable
quelque autre système, il n'y a pas de mal de fait:
il a simplement appris quelque chose des croyances d' une société
d' hommes avec lesquels, pour le moment, il ne saurait s' accorder;
mais j' ai, en ce qui me concerne, assez de foi en ces croyances
pour
être sûr que tôt ou tard sonnera l' heure ou il
les partagera, quand il saura, lui aussi, ce que nous savons.
LES TROIS
GRANDES VERITES
II est écrit dans un de nos premiers ouvrages théosophiques,
qu' il existe trois vérités absolues et qui ne peuvent
jamais disparaître complètement; mais qu 'à de
certaines époques cependant, ces vérités
subissent comme une obscuration parce que personne ne prend soin
de les proclamer.
Ces vérités primordiales sont aussi vastes, aussi sublimes
que la vie elle-même et nonobstant aussi simples que l' esprit
de l' homme le plus simple. Je ne saurais mieux faire que de les
citer
comme les plus grands des principes généraux que je
dois vous exposer.
Ensuite,
je vous soumettrai quelques corollaires qui découlent nécessairement
de ces vérités premières, et, en troisième
lieu, je vous énumérerai quelques-uns des avantages
qui résultent non moins nécessairement de ces connaissances
précises. Enfin, après avoir esquissé ainsi,
de façon schématique, les grandes lignes de mon sujet,
je les reprendrai une à une et je m' efforcerai de vous offrir
toutes les explications élémentaires que peut comporter
ce petit livre à l' usage des commençants.
1. Dieu existe et II est bon. Il est le grand dispensateur de vie
qui habite en nous et hors de nous. Il est immortel et éternellement
bienfaisant. Il ne peut être ni entendu, ni vu, ni touché,
et pourtant le perçoit qui désire le percevoir.
2. L' homme est immortel. La gloire et la splendeur de son avenir
n' ont point de limites.
3. Une loi divine de justice absolue gouverne le monde de telle sorte
que chaque homme est en réalité son propre juge, l'
arbitre de sa propre vie, se dispensant à soi-même gloire
ou obscurité, récompense ou châtiment.
COROLLAIRES
A chacune de ces grandes vérités se relient quelques
autres vérités subsidiaires qui les expliquent.
De la première on peut déduire celles-ci :
1. En dépit des apparences, toutes choses se combinent avec
intelligence et précision pour le bien; tous les événements,
si fâcheux qu 'ils puissent paraître, se produisent en
réalité exactement comme ils doivent se produire.
Notre ambiance tout entière tend à nous aider,
non à nous entraver; mais il faut le comprendre.
2: Puisque le plan entier de l' univers est de favoriser le progrès
humain, le devoir des hommes est évidemment d' apprendre à
connaître ce plan.
3. L' homme qui est parvenu à comprendre ce plan a aussi pour
devoir d'y coopérer avec intelligence.
De la seconde grande vérité, on peut déduire
celles-ci :
1. L' homme véritable est une âme dont le corps n' est
qu 'une annexe.
2. L' homme doit donc se placer au point de vue de l' âme pour
envisager toutes choses, et chaque fois qu' un conflit s' élèvera
dans son moi, l' homme vrai devra s' identifier avec la portion la
plus élevée de son être et non avec l' autre.
3. Ce que nous appelons communément la vie de l' homme n' est
qu' un des jours de cette vie plus étendue qui est la véritable.
4. La mort est une question de bien moins d' importance qu' on ne
le croit habituellement; en effet, elle n' est pas le terme de la
vie, mais seulement le passage d' un échelon de cette vie à
un autre échelon.
5: L' homme a derrière lui, dans son passé, une immense
évolution dont l' étude est excessivement attrayante,
captivante et instructive.
6. Il a également devant lui, dans son avenir, une admirable
évolution dont l' étude est plus attrayante et plus
instructive encore.
7. Il est absolument certain que l' âme humaine finira par atteindre
le but qui lui est fixé, si loin qu 'elle puisse sembler s'
être écartée du chemin de l' évolution.
De là troisième grande vérité on peut
déduire celles-ci:
1. Chaque pensée, chaque parole; chaque action produit un
résultat
défini; résultat qui n' est point une récompense
où une punition extérieures en quelque sorte; mais
une conséquence forcée de l' acte lui-même,
ayant avec lui une relation d' effet à cause, cette cause
et cet effet n' étant, en réalité; que deux
parties inséparables d' un tout complet.
2. Il est à là fois du devoir et de l' intérêt
des hommes d' étudier à fond cette loi divine, afin
de pouvoir s'y conformer et s' en servir comme on en use avec les
autres grandes lois de là nature.
3. Il est nécessaire que l' homme se rende absolument maître
de lui-même, afin de pouvoir gouverner sa vie avec intelligence
et conformément à la loi divine.
AVANTAGES QUE L' ON RETIRE DE CETTE CONNAISSANCE
Cette connaissance, lorsqu' on se l' est pleinement assimilée,
change la face de la vie si complètement qu' il me serait impossible
d' énumérer tous les avantages qu 'elle procure. Je
ne mentionnerai qu' un petit nombre des directions principales suivant
lesquelles le changement se manifeste, et mes lecteurs sans doute,
pour peu qu 'ils veuillent réfléchir, ne manqueront
pas d' apercevoir quelques-unes des innombrables ramifications qui
naissent de ces lignes générales.
Qu' il soit bien entendu, cependant, que ce n' est point une connaissance vague et indéterminée qui pourra produire ces changements. Une croyance analogue à celle que la plupart des hommes professent pour les dogmes de leurs religions respectives, serait absolument inefficace puisque, aussi bien, de telles croyances ne modifient en rien la manière de vivre. Mais si nous croyons à ces grandes vérités comme nous croyons aux autres lois de la nature, comme nous croyons, par exemple, que le feu brûle et que l' eau noie, alors l' effet produit sur votre vie devient immense. Car la foi que nous avons en la, constance des lois de la nature nous force à conformer nos actes à ces lois. Croyant que le feu brûle, nous prenons toutes les précautions nécessaires pour éviter le feu, et croyant que l' eau noie, nous évitons de perdre pied quand nous ne savons pas nager.
Mais ces
croyances particulières ne sont aussi précises et effectives
que parce qu' elles sont fondées sur une connaissance que vient
confirmer l' expérience journalière. Or, pour la même
raison, les croyances de celui qui étudie la théosophie
ne sont pour lui ni moins réelles ni moins précises.
Et c' est pourquoi nous découvrons que, de ces croyances théosophiques
découlent les avantages suivants :
1. Nous parvenons à comprendre la raison d' être de la
vie; nous apprenons comment et pourquoi nous devons vivre et nous
savons alors que la vie, quand on la comprend bien, vaut la peine
d' être vécue.
2. Nous apprenons à nous gouverner nous-mêmes, et, par
suite, à nous développer.
3. Nous apprenons la meilleure manière d' aider ceux que nous
aimons, de nous rendre utiles à qui nous touche, d' abord,
et ensuite à la race humaine tout entière.
4. Nous apprenons à envisager toujours les choses du point
de vue philosophique le plus 'élevé, et jamais du
point de vue infime de la simple personnalité. Conséquemment
:
5. Les peines de la vie cessent de nous paraître aussi grandes.
6. Les événements qui se produisent autour de nous,
comme aussi notre propre destinée, cessent de nous paraître
injustes.
7. Nous sommes libérés de là crainte de la
mort.
8. La douleur que fait naître en nous la mort de ceux que nous
aimons se trouve largement atténuée.
9. Nous acquérons des vues tout à fait, différentes
sur la vie qui succède à la mort, et nous comprenons
le rôle de celle-ci dans notre évolution.
10. Nous sommes affranchis de tous soucis ou tourments d' ordre religieux,
aussi bien en ce qui nous concerne qu'en ce qui concerne nos amie,
- des crainte relatives au salut de l' âme, par exemple.
11. Toute anxiété cesse pour nous au sujet de notre
sort futur, et nous vivons dans la paix et la sérénité
les plus parfaites.
Nous allons maintenant reprendre ces différents points en détail
et nous efforcer de les expliquer brièvement.
CHAPITRE -3-
LA DIVINITÉ
Puisque nous déclarons que l' existence de Dieu est le premier
et le plus grand de nos principes, il nous faut définir le
sens que nous attachons à ce mot Dieu, dont on a tant abusé;
et qui est demeuré si grand. Nous essaierons d' abord de
le dégager des étroites limites dont l' entoura
l' ignorance d' hommes peu développés et dé lui
restituer le sens admirable - quoique infiniment inférieur à
la réalité - que lui attribuèrent les fondateurs
des religions. Et pour cela nous distinguerons entre Dieu, Existence
infinie, d' une part, et, d' autre part, la manifestation de cette
suprême Existence par un Dieu révélé,
développant
et guidant un Univers. Ce n' est qu 'à cette manifestation
déjà limitée que l' on appliquera le mot: un
Dieu personnel. Dieu en Lui-même est au delà des bornes
de toute personnalité; il est « dans tout et à
travers tout », En réalité, il est tout: et de
l' Infini, de l' Absolu, du Tout, nous pouvons seulement dire : «
II est. »
Mais pour tous les besoins de la pratique, il est inutile que nous
montions plus haut que cette admirable et glorieuse manifestation
de Lui, qui est la grande force directrice ou Déité
de notre système solaire et que les philosophes ont appelée
le Logos (la conception du Logos étant un peu moins complètement
au-dessus de notre intelligence que celle de l'Absolu lui-même).
Du Logos est vrai tout ce que nous avons entendu dire de Dieu (en
bien, naturellement, car il ne saurait être question ici des
conceptions blasphématoires qui ont affublé parfois
la Divinité des vices humains). Mais tout ce qui a jamais été
dit de l' amour, de la sagesse, du pouvoir suprême, de la patience
et de la miséricorde de Dieu, de son omniscience, de son omniprésence,
etc., tout cela est vrai du Logos de notre système. C' est
bien véritablement « en Lui que nous vivons, que nous
nous mouvons et que nous agissons », et (si étrange que
cela puisse paraître) ce n' est pas là une expression
poétique, c' est un fait scientifique et précis; quand
donc nous parlons de la Divinité, notre première pensée
doit se porter naturellement vers le Logos.
Nous n' avons pas l' espérance vague que peut-être II
existe; j' ajouterai que même notre croyance en son existence
n'a point les caractères de ce que l' on nomme un article de
foi; nous connaissons simplement qu' il existe comme nous connaissons
que le soleil brille, car, pour tout chercheur, dont la clairvoyance
a été développée par l' exercice, cette
Puissante Existence devient une certitude absolue. Non pas qu 'à
aucun degré d' une évolution purement humaine nous puissions
Le voir directement, non certes; mais l' évidence indéniable
de son action et de ses volontés nous assiège et s'
impose à nous dès que nous nous attachons à l'
étude de ce monde invisible, qui n' est, en réalité,
que la partie la plus élevée du monde que nous connaissons
normalement.
Ici, nous avons à expliquer un dogme qui est commun à
toutes les religions: celui de la Trinité. Si incompréhensible
que puisse paraître à un lecteur ordinaire mainte affirmation
de nos symboles sur ce point, il faut reconnaître que ces
affirmations deviennent significatives et lumineuses dès
que l' on en comprend le sens vrai. Tel qu' il se montre à nous
dans son oeuvre, le Logos solaire est indubitablement triple -
et un, cependant, ainsi que depuis longtemps les religions nous
l'
ont enseigné;
- et dans les livres que je mentionnerai ici, on trouvera
l' explication de cet apparent mystère, pour autant que l'
intelligence humaine, à notre présent degré d' évolution,
peut le pénétrer.
Que Dieu soit en nous aussi bien que hors de nous, en d' autres termes
que l' homme lui-même soit d' essence divine, voilà une
autre grande vérité. La plupart des hommes, aveugles
pour tout ce qui n' est pas le monde extérieur le plus
grossier, pourront la discuter ; mais pour qui étudie
le côté sublime de la vie, cette vérité se
présente
comme une certitude absolue. Il sera traité de la constitution
de l' homme et de ses différents véhicules dans le
paragraphe consacré &. la seconde des grandes vérités.
Qu' il me suffise d' indiquer ici que du fait de notre essence
divine
résulte pour nous l' assurance que tout être humain,
tôt ou tard, finira par revenir au niveau de la Divinité.
LE PLAN DIVIN
Nul de nos postulats peut-être ne sera admis plus difficilement
par les esprits de moyenne envergure que le premier corollaire de
la première grande vérité. Quand nous passons
en revue les événements de la vie. quotidienne, nous
apercevons tant de tempêtes et d' orages, tant de tristesses
et de souffrance, que nous sommes tentés de croire d' abord
au triomphe du mal sur le bien. Il semble presque impossible
que tant
d' apparent désordre fasse partie réellement d' une
évolution sagement réglée. Et pourtant c' est
la vérité! Et c' est une vérité dont
on peut se convaincre facilement. Il suffit pour cela de sortir
du nuage
de poussière que soulève notre lutte acharnée
contre le monde extérieur et d' examiner toutes choses de
la plate-forme qui nous est fournie par une connaissance plus complète
et par la paix intérieure.
Alors le mouvement véritable de cette machinerie compliquée
«devient apparent. On avait cru que les contre-courants du mal
prévalaient contre le fleuve du progrès, et l' on voit
que ces contre-courants ne sont, en somme, que des remous insignifiants,
de légers tourbillons de surface ou quelques gouttes d' eau
semblent remonter vers la source de la puissante rivière. Mais
celle-ci, en dépit des apparences, continue paisiblement sa
course vers le but qui lui est assigné, emportant avec elle
remous et tourbillons. Ainsi le grand courant de l' évolution
suit obstinément sa voie, et ce que nous prenons pour de terribles
tempêtes n' est qu 'une légère ondulation de sa
surface. M. C.-H. Hinton, dans ses Scientific Romances (vol.
I, pages 18 et 24), développe admirablement une autre analogie,
à l' appui de cette vérité.
Par le fait, - notre troisième grande vérité
nous l' enseigne, - une justice absolue intervient en toutes
choses, et de la sorte, avec quelques circonstances qu' un homme
se
trouve aux prises, il doit savoir que lui seul, et point un autre,
se les est créées; mais ce n' est pas tout : il peut
avoir aussi la ferme confiance que, sous l' action des lois de
l'
évolution, toutes choses sont arrangées de façon
à lui assurer les meilleurs moyens de développer en
lui-même les qualités dont il a le plus besoin. Il
se peut très bien, sans doute, que la position qui lui est
faite ne soit pas celle qu' il eût choisie pour lui-même;
mais elle est exactement ce qu' il a mérité qu 'elle
soit, et, sous la réserve précisément de ce
qu' il a mérité (et qui impose fréquemment
de réelles
difficultés), elle est la mieux appropriée aux progrès
qu' il doit faire. La vie peut amener cet homme devant des obstacles
de toute nature; mais ces obstacles n' ont qu' un but: lui apprendre
à les surmonter et à développer par conséquent
en lui-même le courage, la décision, la patience, la
persévérance, en un mot toutes les qualités
qui lui manquent. Les hommes, bien souvent, parlent des forces
de la Nature
comme si elles conspiraient toutes contre eux. En réalité,
s' ils voulaient bien y réfléchir, ils comprendraient
qu' au contraire tout est soigneusement calculé pour leur
venir en aide dans leur ascension progressive.
Donc, puisque le plan divin existe bien réellement, le rôle
de l' homme est d' essayer de comprendre ce plan; une telle proposition
n'a pas besoin d' être prouvée. Ne s' agirait-il que
d' une question d' intérêt personnel, quiconque vit sous
l' influence de certaines conditions ne saurait mieux faire que de
se familiariser avec elles. Mais au moment où l' homme cesse
d' obéir à des considérations égoïstes,
son devoir est encore plus nettement tracé: il doit se pénétrer
du plan divin, dans le but d'y coopérer plus efficacement.
Indubitablement il entre dans ce plan divin que l' homme y coopère
avec intelligence aussitôt qu' il est assez développé
intellectuellement pour le comprendre et assez évolué
moralement pour souhaiter de venir en aide au monde. Mais, en vérité,
ce plan divin est si merveilleux et si beau que, dès qu' un
homme a pu le contempler une fois, il ne lui est plus possible de
ne pas consacrer toutes ses énergies à l' effort par
lequel on devient un ouvrier de Dieu, si infime que soit la besogne
dont il sera chargé.
Pour plus de détails sur les sujets effleurés dans
ce chapitre, le lecteur pourra consulter le Christianisme ésotérique et Sagesse antique d'Annie Besant, ainsi que mon petit
livre le Credo
chrétien. M. Mead a aussi jeté beaucoup de lumière
sur ces questions dans deux ouvrages dont l' un, Orpheus
[ Cet ouvrage, Orphée n'a pas été traduit en
français], les considère au point de vue grec, et
l' autre, Fragments of a Faith Forgotten [Cet ouvrage Fragment
d' une foi oubliée n'a pas été traduit
en français ], au point de vue gnostique-chrétien.
UNE LEÇON DE LA VIE
J' apprends à mesure que j' avance dans ma vie
Et que mes yeux voient plus clair, j' apprends
Que sous chaque apparent désordre
Rampe la racine de justice;
Qu 'à chaque douleur, il est un but
Que bien souvent ne peut deviner celui qui souffre;
Que, aussi sûr que l' aurore naît avec le soleil,
Tout ce qui est, est «pour le mieux.
Je sais que toute action coupable
— Aussi vrai que la nuit amène l' ombre -
Quelque part, quelque jour est punie
Si long que soit le délai du châtiment.
Je sais que l' âme est aidée
Quelquefois par la torture du coeur
Et que, pour grandir, souvent il faut souffrir,
Mais tout ce qui est, est pour le mieux.
Je sais qu' on ne peut trouver nulle erreur
Dans le vaste plan éternel,
Et que toute créature collabore
Au bien final de l' humanité.
Et je sais que lorsque mon âme montera plus haut,
Continuant sa grande enquête éternelle,
Je dirai, en regardant en arrière sur notre globe :
Tout ce qui est, est pour le mieux.
(Poésie anonyme publiée par un journal américain.)
CHAPITRE -4-
LE COMPOSÉ HUMAIN
L' extraordinaire matérialisme pratique auquel l' Europe a
été livrée, ne peut guère mieux être
démontré que par les locutions mêmes que nous
employons dans la vie quotidienne. C' est avec un naturel parfait
que nous déclarons communément: l' homme a une âme;
nous devons sauver notre âme, etc., etc., et cela comme si l'
homme véritable, l' homme réel résidait essentiellement
dans le corps physique, l' âme n' étant qu 'une simple
annexe, un vague quelque chose appartenant en propre au corps et dépendant
de lui.
Avec une telle idée, dont l' extrême inexactitude s'
affirme jusque dans la langue, il serait difficile de s' étonner
que certaines gens aillent un peu plus loin dans la même voie
et se demandent par exemple si ce vague quelque chose que l' on appelle
l' âme existe bien réellement.
Et de cela il résulte que bien souvent le commun des mortels
ne sait absolument pas s' il a ou non une âme et, a fortiori,
si cette âme est immortelle.
Mais ce qu' il y a d' extraordinaire, c' est que l' humanité
puisse demeurer dans cette pitoyable ignorance, car une foule de preuves
(que fournit même le monde extérieur) démontrent
péremptoirement que l' homme a un mode d' existence absolument
indépendant de la vie de son corps; une vie particulière
qui peut se manifester à une certaine distance du corps charnel,
avant la mort; et qui, après celle-ci, se sépare entièrement
du cadavre.
Tant que nous ne nous serons pas débarrassés de l' incroyable
illusion que nous subissons en nous figurant que notre corps, c' est
nous, il nous sera impossible de raisonner sainement sur ces questions.
Mais un peu de réflexion nous montrera tout de suite que notre
corps n' est qu' un véhicule, un organe, au moyen duquel nous
pouvons entrer en contact, entrer en rapport avec ce type particulier
de matière grossière dont est constitué le monde
visible.
Un peu de réflexion nous démontre encore l' existence
d' autres types de matière et la réalité non
seulement de cette matière ténue que sous le nom d' éther la science moderne veut bien admettre, en affirmant que
toutes les substances connues en sont interpénétrées,
mais de matières plus subtiles encore que l' éther et
qui l' interpénètrent à leur tour comme celui-ci
fait des autres corps, l' emportant sur l' éther en ténuité
autant que celui-ci l' emporte sur les corps solides.
Ici, le lecteur se demandera naturellement comment l' homme pourra
jamais connaître ces variétés si merveilleusement
subtiles et déliées de la matière. Il les
connaîtra
exactement comme il en connaît actuellement les formes grossières,
c' est-à-dire en percevant les vibrations qu' elles émettent.
Et il lui sera possible de percevoir ces vibrations par le fait
même
qu' il possède en lui de la matière de ces variétés
subtiles; or, de même que son corps physique est l' organe
au moyen duquel il communique soit activement, soit passivement
avec
le monde physique; ainsi les particules de matière subtile
qu' il renferme lui constituent un organe capable de le mettre en
communication avec ce monde de matière subtile que ne saurait
percevoir la grossièreté des sens physiques ordinaires.
Et cela n' est point du tout une idée nouvelle. Saint Paul
fait observer - que l' on s' en souvienne - qu' «il
y a un corps charnel et qu' il y a un corps spirituel »;
il parle en outre de l' âme de l' homme et de son esprit,
et ce sont là deux mots qu' il n' emploie pas du tout comme
des synonymes, bien que de nos jours on l' affirme souvent avec
une incroyable ignorance,
II devient donc évident que la constitution de l' homme est
de beaucoup plus complexe qu' on ne le croit ordinairement. Non
seulement
il est un esprit dan» une âme, mais cette âme elle-même
qu 'informe l' esprit comporte plusieurs véhicules
de densité
croissante, dont le corps physique n' est que ce dernier et le plus
matériel. Tous ces véhicules divers peuvent être
appelés des corps si on les considère par rapport
aux plans spéciaux de matière auxquels ils appartiennent
On peut dire, en effet, qu' il existe autour de nous une série
de mondes qui s'emboîtent en quelque sorte l' un dans l'
autre, par interpénétration, et l' homme possède
un corps de même nature que chacun de ces mondes, corps
par lequel il peut communiquer avec ce monde et vivre dans ce
monde.
Par degrés, l' homme apprend à utiliser ces différents
corps qu' il possède, ce qui lui permet d' acquérir
progressivement une notion de plus en plus complète de l'
univers vaste et compliqué dans lequel il vit, car tous
ces autres mondes plus subtils font, en somme, partie intégrante
de notre Cosmos. L' homme arrive donc à comprendre de la
sorte bien des choses qui auparavant lui paraissaient mystérieuses;
il cesse de s' identifier avec ses corps, s' apercevant qu 'ils
ne sont
que vêtements qu' il peut endosser, quitter ou changer sans
changer lui-même en quoi que ce soit. Faut-il répéter,
une fois de plus, que ce ne sont point là des spéculations
métaphysiques ni de pieuses croyances? Ce sont des faits
scientifiques précis, exactement et expérimentalement
connus de quiconque a étudié la Théosophie.
Plusieurs trouveront
étrange d' entendre, sur de telles questions, substituer des
affirmations péremptoires aux ordinaires hypothèses;
mais je ne parle ici de rien qui ne soit connu d' un grand nombre
de chercheurs qui l' ont appris par de nombreuses expériences
directes, maintes fois répétées. A coup sûr
« nous savons ce dont nous parlons », nous le savons
non par ouï-dire, mais par expérience. Aussi parlons-nous
avec confiance.
A ces mondes qui s'interpénétrent, à ces différents
degrés de matérialité que nous présente
la nature, nous donnons le nom de plans. Nous appelons « plan
physique » le monde visible, y compris les gaz et les différentes
classes de l' éther. Au degré de matérialité
qui vient tout de suite après ce plan physique, les alchimistes
du moyen âge (qui en connaissaient bien l' existence) ont donné
le nom de « plan astral ». Nous avons conservé
cette désignation. Mais au delà du plan astral, il existe
un monde pétri, si j' ose dire, d' une matière plus
subtile encore et que nous appelons le « plan mental »,
parce que c' est de cette matière qu 'est constitué
ce que nous appelons le « mental » de l' homme.
Enfin, il existe des plans plus élevés que le plan mental
lui-même, mais je n' ai pas besoin d' embrouiller le lecteur
en les lui mentionnant, puisque nous ne nous occupons, pour le moment,
que des manifestations du composé humain dans les mondes inférieurs.
Ce qu' il ne faut pas perdre de vue, c' est que ces différents
mondes, dans l' espace, ne sont pas plus éloignés les
uns que les autres. En réalité, ils occupent tous exactement
la même place, nous enveloppant, nous pénétrant
tous et toujours également. Pour l' heure, notre conscience
est équilibrée, localisée, dans notre cerveau
physique; c' est là son organe du moment, et il résulte
de ce fait que nous n' avons conscience que du monde physique, et
même d' une partie seulement de ce monde physique. Mais il nous
suffit d' apprendre à localiser, à concentrer notre
conscience dans l' un des véhicules supérieurs; aussitôt
les objets physiques s'évanouissent à notre vue et nous
percevons à leur place le monde constitué par la matière
qui correspond au nouveau véhicule employé.
Souvenez-vous que toute matière est substantiellement la même,
La différence entre la matière astrale et la matière
physique n' est pas plus essentielle que la différence entre
la glace et la vapeur. C' est tout simplement la même chose
qui nous est présentée dans des conditions différentes.
La matière physique peut être transformée en matière
astrale; la matière astrale, en matière mentale il suffit
pour cela de la subdiviser assez et de lui communiquer le mouvement
vibratoire correspondant, comme rapidité, à ces différents
états.
L' HOMME VÉRITABLE
Qu' est-ce donc que l' homme véritable? L' homme véritable
est réellement une émanation du Logos, une étincelle
du Feu divin. L' Esprit qui est en lui est de l' essence même
de la Divinité, et cet esprit porte son âme comme
on porte un vêtement; c' est un vêtement qui l' entoure
et l' individualise, et qui semble, à notre faible vue,
le séparer
pour un temps du reste de la Vie Divine. L' histoire de la formation
première de l' âme humaine, de l'enrobernent
de l' Esprit dans cette âme, est une admirable et intéressante
histoire, mais qu' il serait trop long de conter dans un ouvrage
aussi
élémentaire que celui-ci. On la trouvera, pleinement
développée, dans ceux de nos livres qui ont pris pour
objet cette partie de la Doctrine. Qu' il suffise de dire ici que
les trois aspects de la Vie Divine ont leur rôle dans ce commencement,
et que la formation de l' âme humaine constitue,
en quelque sorte, le point culminant de ce grand sacrifice du Logos
descendant dans la matière, que l' on a appelé l' Incarnation.
Voici donc née l' âme-enfant, et, précisément
de même qu 'elle a été « faite à
l' image de Dieu », triple dans son aspect comme Dieu lui-même,
et, comme lui aussi, triple en sa manifestation, ainsi son processus
évolutif sera-t-il la contre-partie de sa descente dans la
matière. L' Étincelle Divine porte en soi toutes les
potentialités; mais il lui faudra évoluer durant des
âges et des âges avant de les pouvoir mettre en valeur.
La méthode prévue pour le développement des qualités
latentes de l' homme semble être qu' il apprenne à répondre
au vibrations extérieures en vibrant synchroniquement avec
elles. Mais, au niveau où se trouve l' homme vrai (c' est-à-dire
sur le plan mental supérieur), les vibrations sont beaucoup
trop ténues pour obtenir, dès à présent,
une telle réponse. L' homme commence par ne percevoir que des
mouvements plus forts et plus grossiers et c' est en éveillant
avec leur aide sa sensibilité assoupie qu' il devient graduellement
de plus en plus sensitif, jusqu 'à ce qu' il finisse par répondre
parfaitement sur tous les plans à toutes sortes de vibrations.
Tel est donc l' aspect matériel du progrès humain; mais,
au point de vue subjectif, l' homme qui peut répondre à
toutes les vibrations doit forcément posséder dans sa
plénitude la faculté de sympathiser et de compatir.
Et telle est exactement, en effet, la caractéristique de l'
homme évolué, de l' adepte, de l' instructeur spirituel,
du Christ. Cette condition a nécessité le développement
de toutes les qualités qui font l' homme parfait, et c' est
là la tâche véritable de sa longue vie dans la
matière.
Nous avons, au cours de ce chapitre, esquissé la silhouette
de bien des sujets de la plus haute importance. Ceux qui voudront
en pousser plus loin l' étude trouveront, pour les aider, un
bon nombre d' ouvrages théosophiques. Sur la constitution de
l' homme, nous citerons les volumes suivants, de Mme Besant: l'
Homme et ses Corps, le Soi et ses Enveloppes, Les sept principes de
l' homme ; ainsi que mon propre livre, l' Homme visible et
invisible, dans lequel on trouvera beaucoup de descriptions des
différents véhicules, tels qu 'ils apparaissent au clairvoyant.
Sur l' usage des facultés intérieures, se reporter à
Clairvoyance. Sur la formation et l' évolution de l' âme,
consulter Birth and Evolution of thé Soul d'Annie
Besant, le Développement de l' âme d'A.P. Sinnett,
aussi mon ouvrage le Credo chrétien. Sur l' évolution
spirituelle de l' homme, consulter: Vers
le Temple, le Sentier du Disciple (Annie Besant)
et les derniers chapitres de mon petit livre : Les Aides invisibles.
CHAPITRE -5-
LA REINCARNATION
Étant donné que tout d' abord des vibrations les plus
subtiles ne peuvent pas agir sur l' âme, celle-ci devra se
draper dans des vêtements tissés d' une matière suffisamment
grossière pour qu' au moins les vibrations moins fines puissent
lui être transmises. Elle se revêt donc successivement
du corps mental, du corps astral et du corps physique. C' est
ce qui
constitue une naissance ou incarnation, le commencement d' une vie
physique. Durant cette vie, elle acquiert quelque expérience
sur toutes sortes de choses; elle apprend, si j' ose dire, certaines
leçons et développe en elle certaines qualités.
Après un temps plus ou moins long, elle commence à se
retirer de nouveau en elle- même et dépouille, l' un
après l' autre, les vêtements dont elle s' était
couverte. Le premier à rejeter est le corps physique et c'
est l' abandon de celui-ci que nous appelons la mort. Ce n' est pas
là le terme de nos activités, comme nous le supposons
avec tant d' ignorance. Rien n' est plus loin de la vérité
qu 'une telle idée. Cette mort n' est en réalité
qu' un simple effort qu' accomplit l' âme pour se replier sur
soi-même en emportant comme butin la science qu 'elle a pu acquérir,
et après une période plus ou moins longue de repos relatif
il lui faudra faire un nouvel effort de même nature.
Donc, ainsi qu' il a été dit, ce que nous appelons
ordinairement la vie n' est qu' un jour de cette vie plus vaste
qui est la véritable;
c' est une journée d' école pendant laquelle notre âme
apprend certaines leçons. Mais, qu' est-ce qu 'une courte
vie de soixante-dix ou de quatre-vingt's ans pour apprendre toutes
les
leçons que ce merveilleux et admirable monde nous doit enseigner?
De toute nécessité il faudra que notre âme renaisse
mainte et mainte fois, revive mainte et mainte ces journées
d' école que nous appelons des existences; cela dans différentes
classes et dans des ambiances diverses, jusqu 'à ce que
soient sues de nous toutes les leçons qu' il nous fallait
apprendre;et
alors, alors seulement prend fin notre moindre tâche d' écolier,
et nous passons à un devoir plus haut et plus glorieux, à
notre devoir de vie divine auquel cet apprentissage des vies terrestres
n' est qu 'une préparation.
Voilà ce qu' on appelle la doctrine des réincarnations
ou des renaissances, doctrine presque universellement admise par les
peuples civilisés d' autrefois et à laquelle adhère
maintenant encore la plus grande partie de la race humaine.
« Ce qui est incorruptible, a dit Hume, doit être également
ingénérable. Donc l' âme, si elle est
immortelle, doit préexister à la naissance du corps,
et la métempsycose
est le seul système spiritualiste que puisse admettre le philosophe
[Hume, Essay on Immortality, London, 1875. ]. »
Et Max Müller s' exprime ainsi à propos des théories
réincarnatives de l' Inde et de la Grèce :
« Elles reposent sur une idée qui, si elle était
exprimée en des termes moins mythologiques, pourrait être
considérée comme la meilleure preuve d' une haute culture
philosophique [Theosophy or Psychological Religion, page
122, édition 1895. ]»
Puis, dans son dernier ouvrage
(ouvrage posthume), ce grand orientaliste revient encore sur la doctrine
des réincarnations et déclare que, personnellement,
il y croit.
De son côté, Huxley écrit: « De même
que la doctrine évolutive elle-même, celle de la transmigration
a ses racines dans le monde des faits; elle s' étaie sur tout
ce que l' analogie peut fournir de démonstratif en fait d'
arguments [voir Evolution and Ethics, page 61, édition
1905. ]. »
On le voit, les écrivains modernes, comme les anciens, reconnaissent
dans l' hypothèse réincarnative une de celles qui méritent
le plus sérieux examen.
Mais, pas un seul instant il ne faut la confondre avec cette autre
théorie, fruit d' une grande ignorance, suivant laquelle
une
âme que son évolution avait amenée à la
condition humaine pouvait rétrograder et redevenir l' âme
d' un animal. Non, une telle régression est absolument impossible.
Sitôt qu' un homme existe - c' est-à-dire
une âme
humaine habitant ce que nous appelons dans nos livres un corps causal
- il lui est impossible, quelques erreurs qu' il commette,
quelque persévérance qu' il apporte à mésuser
des occasions de progrès qui lui sont offertes, il lui est
impossible de retomber à ce rang animal qui constitue en
réalité
un règne inférieur au règne humain.Cet homme,
s' il est paresseux à cette école de la vie dont nous
parlions tout à l' heure, il lui faudra prendre et reprendre
encore la même leçon; combien de fois avant de la
bien savoir, je ne puis le dire, mais il y arrivera tôt
ou tard, si lents que soient les progrès. Il y a quelques
années
une revue a très joliment exprimé comme suit l' essence
même de cette doctrine:
« Un petit garçon vint en classe très petit. Tout
ce qu' il savait lui était venu avec le lait de sa mère.
Son maître d' école (qui était Dieu) le plaça
dans la plus basse classe et lui donna ces leçons à
apprendre: Tu ne tueras point. Tu ne feras aucun mal à rien
de ce qui vit. Tu ne voleras point. — Notre élève
ne tua pas, mais il fut cruel et il vola. A. la fin de la journée
(quand sa barbe se trouva grise et que la nuit fut venue), son maître
(qui était Dieu) lui dit: « Tu as appris à ne
pas tuer, mais tu « n' as pas appris les autres leçons.
Reviens « demain. »
« II revint donc le matin suivant, petit garçon. Et son
maître (qui était Dieu) le mit dans une classe un peu
plus forte et lui donna ces leçons à apprendre; Tu ne
feras aucun mal à rien de ce qui vit. Tu ne voleras
point. Tu ne tromperas point. Et notre élève ne fit
de mal à rien de vivant; mais il vola et mentit. Et, à
la fin de la journée (quand sa barbe se trouva grise et que
la nuit fut venue), son maître (qui était Dieu) lui dit:
« Tu as appris « la pitié, mais tu n' as pas appris
les autres leçons. Reviens demain. »
« Et de nouveau, le matin suivant, il revint, petit garçon.
Et son maître (qui était Dieu) le plaça dans
une classe cependant un peu plus élevée et lui donna
ces leçons à apprendre : Tu ne voleras point. Tu
ne tromperas point. Tu ne convoiteras point. Et notre élève, à
la vérité, ne vola point, mais il trompa et convoita.
De sorte qu 'à la fin de la journée (lorsque sa barbe
se trouva grise et que la nuit fut venue), son maître (qui était
Dieu) lui dit: « Tu as appris à ne pas voler, mais
les autres « leçons, tu ne les au point apprises.
Mon «
enfant, tu reviendras demain. »
« Voilà ce que j' ai lu sur le visage des hommes comme
sur celui des femmes et dans le livre qu 'est le monde et sur le parchemin
qui se déroule aux cieux, écrit avec des étoiles.
» (Berry Benson, The Century Magazine, May 1894.)
Je ne dois pas surcharger ces pages des nombreux arguments irréfutables
sur lesquels est basée cette doctrine de la réincarnation
; ils sont développés d' une manière complète
dans maints ouvrages théosophiques par une plume de beaucoup
plus apte à le faire, que la mienne. Je n' ajouterai ici qu
'une simple observation. La vie nous met aux prises avec une foule
de problèmes qu' aucune autre interprétation que l'
hypothèse réincarnative ne permet de résoudre.
Cette grande vérité les explique; par conséquent
elle doit être considérée comme bonne jusqu 'à
ce que l' on découvre une autre hypothèse plus satisfaisante.
J' ajouterai que pour nombre d' entre nous (et comme d' ailleurs le
reste de nos enseignements) cette prétendue hypothèse
n' en est pas une, mais est une connaissance ferme et directement
obtenue; ce qui, je le reconnais, ne peut pas servir de preuve pour
le public en général.
Mais voici une autre considération. Un grand nombre d' hommes
bons et droits se sont, avec tristesse, trouvés incapables
de concilier les événements dont ils étaient
les témoins journellement avec la théorie d' un Dieu
à la fois Toute-Puissance et Tout Amour. Le spectacle de toutes
nos tortures morales, de toutes nos souffrances physiques leur imposait
la conviction que: ou bien Dieu n' était pas tout-puissant
et ne pouvait les empêcher, ou bien qu' il n' était pas
tout amour et ne prenait point garde à nos misères.
Nous autres théosophes, nous possédons l' indéracinable
conviction qu' il est à la fois Toute-Puissance et Tout-Amour,
et c' est grâce à cette doctrine fondamentale de la réincarnation
que nous pouvons concilier avec cette certitude la réalité
des tristesses qui nous environnent. A coup sûr, l' unique hypothèse
qui nous permette de reconnaître raisonnablement à la
Divinité la perfection de l' amour et de la puissance, à
coup sûr cette hypothèse mérite d' être
examinée soigneusement.
Car elle nous fait comprendre que notre vie présente n' est
point un début, mais que nous avons tous derrière nous
une longue série d' existences; et c' est au moyen de ce que
nous avons appris dans ce passé que nous avons pu nous élever
du niveau de l' homme primitif à notre condition actuelle.
Assurément, au cours de ces vies passées, nous avons
dû et bien et mal agir. De chacune de nos actions est résulté,
suivant une loi d' infaillible justice, telle proportion définie
de bien ou de mal. Le bien produit toujours du bonheur d' abord et,
en outre, des conditions favorables au développement ultérieur.
Le mal, au contraire, génère toujours de la souffrance
et restreint les chances favorables au développement.
Si donc nous nous trouvons gênés de quelque manière
dans nos aspirations vers le bien, nous devons comprendre que cette
infériorité ne provient que de nous mêmes ou tient
tout simplement à la jeunesse de notre âme; si nous sommes
en proie à la tristesse, à la souffrance, nous seuls
nous en sommes responsables. Les mille et une destinées des
hommes si variées, si complexes, ne sont qu' autant d' inéluctables
et d' exactes résultantes du bien et du mal contenues dans
leurs actes antérieurs, et toutes choses progressent régulièrement,
en conformité avec la divine loi et en vue de l' apothéose
finale de gloire.
Aucun enseignement théosophique, peut-être, n'a été
attaqué plus violemment que cette grande vérité
de la réincarnation, et pourtant c' est, à coup sûr,
une très consolante doctrine, car elle nous garantit le temps
nécessaire à l' accomplissement des progrès qu'
il nous reste à faire, le temps et la possibilité de
devenir même « parfaits comme notre Père qui est
au ciel ». Certains adversaires fondent leur principale objection
sur ce qu 'ils ont éprouvé tant de chagrins et de douleurs
dans cette vie qu' il leur est impossible d' admettre qu' il faille
passer à nouveau par de telles épreuves. Pauvre raisonnement
! Nous sommes à la recherche de la vérité. Si
donc nous venons à la rencontrer, nous ne devons pas reculer
devant elle, qu 'elle nous plaise ou qu 'elle nous déplaise:
mais en fait, comme je l' ai dit plus haut, la réincarnation,
quand on la comprend bien, est une doctrine profondément consolante.
Certaines gens demandent souvent aussi pourquoi, si nous avons vécu
tant d' existences antérieures, nous ne nous en rappelons
aucune. En peu de mots, voici la réponse: il est quelques
personnes qui se les rappellent, mais c' est une petite minorité,
car la plupart des hommes de notre temps ont encore leur conscience
localisée
dans un de leurs véhicules, dans une de leurs enveloppes inférieurs.
On ne peut demander à cette enveloppe de se souvenir d' incarnations
précédentes, puisqu 'elle n' en a pas eu, elle; et
l'
âme, qui les a eues, n' est pas encore pleinement consciente
sur son propre plan. Le souvenir du passé tout entier, cependant,
n' en est pas moins enregistré dans cette âme, et
les qualités que l' enfant apporte en naissant sont précisément
l' expression même de ce souvenir. Mais quand un homme
s' est développé assez pour pouvoir localiser sa
conscience dans son âme et non plus dans ses véhicules
inférieurs,
alors l' histoire entière de cette vie plus vaste qui
est la vraie vie, s' ouvre devant lui comme un livre.
L' ensemble de cette question est entièrement et admirablement
développé dans le manuel d'Annie Besant, Réincarnation
, dans La Réincarnation, une espérance pour le
monde (I. S. Cooper) et dans certains chapitres de Vers
le Temple (Mme Besant), que je recommande spécialement
à l' attention du lecteur.
CHAPITRE -6-
UN APERÇU NOUVEAU DE LA NATURE HUMAINE
Un peu de réflexion nous montrera bien vite quel changement
radical se produit dans la manière de vivre d' un homme qui
s' est convaincu que la vie physique n' est rien, rien qu' un jour
à passer à l' école, et que son corps physique
n' est rien non plus, rien qu' un vêtement que l' on prend un
instant pour travailler et que l' on quitte, la besogne terminée.
Cet homme comprend maintenant que la seule tâche importante
c' est d' apprendre la leçon que l' on doit apprendre
, et que se laisser distraire de ce devoir par ceci ou par
cela, c' est agir d' une manière absolument inconsidérée.
A qui connaît la vérité, l' existence ordinaire
de la masse des hommes, cette existence vouée exclusivement
aux biens physiques, à la poursuite de la richesse ou de la
gloire, oh ! combien elle paraît puérile! N' est-elle
pas le sacrifice absurde 'de tout ce qui est véritablement
désirable à la satisfaction momentanée de ce
qu' il y a d' inférieur dans notre nature? Le disciple met
ses affections dans les choses de là-haut et non,dans celles
de la terre , d' abord parce que tel est son devoir et ensuite
parce qu' il comprend admirablement l'insignifiance de tout ce qui
est terrestre. Il tâche toujours de se placer au point de vue
le plus élevé, car on ne saurait attacher aucune importance
à ce que l' on regarde d' en bas, la vue étant obscurcie
alors par cet épais brouillard que condensent autour de nous
les sensations et les désirs inférieurs.
Est-ce à dire, cependant, qu' il ne subira jamais de tentations,
le disciple même qui sera le mieux convaincu que la voie
haute est celle qu' il doit suivre? Hélas! non. Bien souvent
il sera sollicité, entraîné vers la route d'
en bas; le grand combat se livrera en lui. Il éprouvera
que, suivant la forte expression de saint Paul, "il
y a une loi des membres qui entre en lutte contre la loi de l' esprit",
et il connaîtra
la vérité de cette autre parole: " Ce que
je voudrais faire, je ne le fais pas, et ce que je ne voudrais pas
faire, je le
fais, "
Je dirai, à ce propos, que des gens d' une grande religiosité
se méprennent souvent d' une manière très fâcheuse
sur la cause de ces batailles intérieures que nous avons
tous senti se livrer en nous, avec des degrés divers d'
acharnement et de suite; et ces personnes adoptent généralement
l' une des deux explications suivantes: ou bien elles supposent
que
les basses impulsions qu' elles ressentent leur viennent de démons
tentateurs et leur sont, en somme, étrangères; ou
bien, au contraire, elles déplorent la noirceur et la malice
de leur
âme et tremblent devant l' abîme de mal qu' elles recèlent
dans leur coeur. En vérité, un grand nombre des êtres
les meilleurs, hommes et femmes, sont tenaillés, sur ce
seul point, par des tortures fort inutiles.
Ce qu' il faut d' abord se représenter si l' on veut comprendre
la question, c' est que les désirs inférieurs que
nous ressentons ne sont nullement nos désirs. Ils ne sont
pas non plus l'oeuvre de quelque démon qui s' acharnerait à
perdre notre âme. Il est vrai que de mauvaises entités
parfois sont attirées par les mauvaises pensées qui
naissent en nous et les renforcent; mais de telles entités
sont de fabrication humaine, toutes, et, de plus, temporaires.
Elles
consistent simplement en formes artificielles créées
par la pensée d' autres hommes mauvais, et le semblant de
vie qui les anime a une durée proportionnée à la
force du sentiment qui les créa.
Mais, habituellement, les impulsions nuisibles nous viennent d' une
source tout à fait différente. Nous avons dit que, pendant
le travail de l' incarnation, l' homme se revêtait successivement
d' enveloppes constituées par de la matière des différents
plans. Or, cette matière n' est point de la matière
morte (la science occulte nous apprend, d' ailleurs, qu' il n' existe
nulle part de la matière morte). C' est de la matière
qui vit et dont la vie est accompagnée d' instinct. Mais la
vie qui anime cette matière se trouve être à un
degré d' évolution qui précède de beaucoup
celui où se trouve notre Moi. Ainsi, elle a à descendre
encore ; le progrès, pour elle, est de s' épaissir,
tandis qu' il est pour notre Moi, de s' affiner. Il est donc facile
de comprendre la source des conflits, puisque l' intérêt
de l' homme véritable est contraire à celui de la matière
vivante qui entre dans la composition de certains de ses véhicules.
Voilà, très sommairement esquissée, l' explication
de l' étrange combat intérieur que nous constatons quelquefois
en nous, combat qui a fait naître dans certains esprits poétiques
l' idée de bons et de mauvais anges se disputant la possession
des âmes humaines. On trouvera plus de détails sur cette
question dans mon livre le Plan astral. En attendant, il est nécessaire
que l' homme comprenne bien qu' il est, lui la force supérieure
qui va toujours de l' avant et combat pour le bien; tandis que cette
force inférieure n' est pas du tout lui; elle n' est qu' un
fragment révolté de l' un de ses véhicules inférieurs.
L' homme vrai doit apprendre à soumettre ce fragment rebelle,
à le dominer complètement et à le maintenir dans
l' obéissance; mais il ne doit pas tomber dans l' erreur qui
le lui ferait considérer comme intrinsèquement mauvais.
C' est là encore une émanation du Pouvoir divin, cherchant
à suivre sa voie normale, qui est, à ce degré
dévolution, de descendre dans la matière, au lieu de
s' en dégager comme nous devons le faire.
CHAPITRE
-7-
LA MORT
Une complète intelligence de ce qu 'est la vérité
théosophique se montre féconde en résultats
pratiques. L' un des plus importants est de changer du tout au tout
notre
attitude devant la mort. Il est impossible de calculer tout
se que l' humanité a subi de tortures morales, de terreurs
et de chagrins par le seul fait de son ignorance et de ses superstitions
en ce qui
concerne le trépas. Une masse incroyable d' opinions fausses
et absurdes sur ce point, ont causé dans le passé et
produisent encore aujourd'hui une indescriptible somme de souffrances;
et l' extirpation de ces préjugés serait un des plus
grands bienfaits que l' on pût apporter à la race humaine.
C' est ce bienfait que reçoivent de la Théosophie ceux
qui, grâce aux études philosophiques qu 'ils ont faites
dans leurs vies antérieures sont devenus aptes à accepter
maintenant son enseignement. Cet enseignement dépouille la
mort de toute la terreur et d' une grande partie des tristesses qui
l' enveloppent; il nous permet de la contempler dans ses vraies proportions
et de comprendre quel est son rôle dans le plan général
de l' évolution.
Lorsque l' on considère la mort comme le terme de la vie ou
comme l' entrée d' un pays obscur, dangereux et inconnu, il
est assez naturel de l' envisager avec une grande appréhension,
sinon avec une véritable terreur. Et puisque, en dépit
de tout ce que les religions ont fait pour enseigner le contraire,
telle est bien la façon générale dont la mort
est considérée dans tout le monde occidental, il ne
faut pas s' étonner des mille horreurs qui venant se greffer
sur cette idée de la mort, ont passé dans nos habitudes
et enfin se sont imposées même aux personnes qui connaissent
la vérité. Tous ces horribles symboles de malheur, le
crêpe, les vêtements de deuil, le papier
bordé de noir ne sont que des preuves de l' ignorance des personnes
qui en font Usage. L' homme qui commence à comprendre ce qu
'est la mort, celui-là met de côté toute cette
mascarade comme un fol enfantillage. Il sait qu 'elle est un bien,
et déplorer ce qui arrive d' heureux à un ami, simplement
parce que l' on va se trouver en apparence séparé de
lui, c' est, il s' en rend compte, une manifestation d' égoïsme.
Sans doute il ne peut se soustraire au heurt de la séparation
momentanée, mais ce qu' il peut éviter, c' est de permettre
à sa peine de devenir une gêne pour l' ami qui s' en
est allé.
L' homme qui comprend la mort sait qu' il ne doit ni la craindre ni
la déplorer, qu 'elle lui soit envoyée à lui
ou qu 'elle atteigne ceux qu' il aime. Tous sont morts bien des fois
déjà: la mort est pour tout le monde une très
vieille connaissance. Au lieu de la représenter comme l' affreuse
reine des terreurs, ne vaudrait-il pas mieux lui donner pour symbole
un ange qui, portant une clef d' or, nous ferait entrer dans les glorieux
royaumes de la vie supérieure ?
L' homme qui comprend la mort comprend nettement aussi que la vie
est continue et que perdre son corps physique ce n' est rien de plus
que d' ôter un vêtement, ce qui ne change en aucune manière
l' homme véritable qui portait ce vêtement. Il voit que
mourir c' est tout simplement être promu d' une vie plus qu
'à moitié physique à une vie complètement
astrale, c' est-à-dire bien supérieure. La mort, donc,
quand elle vient à lui, est la bienvenue; et quand elle vient
à ceux qu' il aime, sans doute il ne peut se défendre
d' un certain regret égoïste, devant cette séparation
temporaire qui lui est imposée, mais il reconnaît qu
'elle est un grand avantage pour ceux qui lui ont été
enlevés ainsi. Il a compris également que cette séparation
n' est qu' apparente et point réelle. Il sait que les soi-disant
morts sont toujours près de lui et qu' il n'a lui-même
qu 'à abandonner momentanément son corps physique, durant
le sommeil, pour le rejoindre et communiquer avec eux comme autrefois.
Il voit clairement que le monde est un, que les mêmes lois
divines s' appliquent à toutes les parties de ce vaste ensemble,
qu' elles soient visibles ou invisibles à nos regards physiques.
Il n' éprouve donc ni angoisse ni étonnement à passer de l' une de
ces
parties à l' autre, il n'a aucune incertitude quant à ce
qu' il trouvera de l' autre côté
du rideau. L' ensemble du monde invisible lui a été
si nettement décrit et détaillé par les soins
des étudiants de la Théosophie, qu' il peut le connaître
aussi bien que le monde physique et qu' il peut passer du dernier
au premier sans aucune hésitation, dès que sera venu
le moment le plus favorable à son développement.
Pour des détails complets sur les divers degrés de
cette vie supérieure, nous ne pouvons que renvoyer le lecteur
aux ouvrages consacrés spécialement à ce sujet.
Il est suffisant de dire ici que les conditions dans lesquelles
l'
homme passe d' une vie à l' autre sont précisément
celles qu' il s' est faites lui-même. Les pensées et
les désirs qu' il a encouragés en lui durant sa vie
terrestre, prennent la forme de vivantes entités parfaitement
déterminées, qui l'entourent et réagissent
sur lui jusqu 'à ce que soit épuisée l' énergie
qu' il leur a communiquée. Quand les pensées,
quand les désirs de cet homme ont été puissants
et persévérants dans le mal, les compagnons qu'
il s' est créés ainsi peuvent, à la vérité,
être terribles; mais, heureusement, de tels hommes ne forment
qu 'une très petite minorité parmi les habitants du
monde astral. Le pire que le commun des personnes qui vivent dans
le monde se prépare comme vie d' outre-tombe, c' est une existence
indiciblement ennuyeuse, dénuée de tout intérêt
rationnel suite naturelle, d' ailleurs, des années que
de telles personnes ont dissipées ici-bas en commérages,
en banalités et en indulgence pour elles-mêmes.
A cet ennui morne et passif peuvent s' ajouter, parfois, de véritables
souffrances. Un homme, durant sa vie terrestre, s'est-îl laissé
maîtriser par d' intenses appétits physiques; est-il
devenu l' esclave de vices tels que l' avarice, la sensualité
ou l' ivrognerie, par exemple? Alors il s' est préparé
beaucoup de souffrances purgatorielles après sa mort. Car,
en perdant son corps physique, il n'a, en aucune façon, perdu
ces désirs et ces mauvais penchants qu' il a si bien cultivés.
Ceux-ci demeurent aussi vivants que jamais, et même plus actifs
puisqu 'ils ne sont plus gênés par l' inertie des particules
les plus lourdes de la matière. Mais ce que cet homme a perdu,
c' est le pouvoir de satisfaire de tels penchants et de tels désirs
qui vont maintenant le torturer et le ronger, inassouvis et inassouvissables.
On comprendra que cela constitue pour ce malheureux un très
réel enfer, mais un enfer temporaire cependant, puisque ces
désirs finiront par se consumer deux-mêmes, dépensant
précisément leur énergie dans la souffrance qu
'ils occasionnent.
C' est, à la vérité, une terrible destinée.
Il est deux points, cependant, que nous ne devons pas perdre de vue
à ce sujet: d' abord, que l' homme n' est pas seulement l'
artisan de son malheur, mais qu' il en a lui-même déterminé
et l' intensité et l'a durée. C' est lui qui, sur cette
terre, a permis à tel ou tel désir d' acquérir
telle ou telle puissance; et maintenant il se trouve aux prises avec
ce désir et il doit le vaincre. Si, durant la vie physique,
il a déjà fait quelques efforts pour le réprimer
et le tenir en échec, ces efforts précédemment
accomplis viendront en défalcation de ceux qu' il lui reste
à faire. C' est lui-même qui a créé le
monstre qu' il doit terrasser maintenant, et toute la force que possède
son adversaire, c' est lui qui la lui a donnée. Sa destinée
ne vient donc que de lui-même, c' est lui qui se l' est créée.
En second lieu, il faut ajouter que la souffrance est maintenant
son seul moyen de salut. S' il lui était possible de l' éviter,
de traverser la vie astrale sans user ainsi progressivement ses
bas
désirs, qu' arriverait-il? Tout simplement qu'en reprenant
sa vie physique, la fois suivante, il se trouverait complètement
dominé par les mêmes passions. Il serait un ivrogne-né,
un avare de naissance, .etc., et bien avant qu' on ait pu lui
apprendre
qu' il faut s' efforcer de vaincre de telles passions, elles auraient
crû en lui au point de ne pouvoir plus être domptées;
il serait de nouveau leur esclave corps et âme, et ainsi
une autre existence terrestre se trouverait usée inutilement,
une autre chance de développement perdue à jamais.
Ce serait là un cercle vicieux auquel on ne trouve nulle
issue, et l' évolution de cet homme serait
indéfiniment retardée.
Le plan divin ne présente pas de tels défauts. La passion
se consume durant la vie astrale et l' homme se réincarne
sans passions. A la vérité, la faiblesse morale,
qui a déjà
permis précédemment aux passions de prendre le dessus
en lui, cette faiblesse morale est encore là; et il n' est
pas moins vrai que le corps astral formé en vue de la nouvelle
incarnation se trouve organisé de façon à pouvoir
subir et exprimer exactement les mêmes passions que son
prédécesseur;
il ne serait donc pas difficile à l' homme réincarné
de recommencer la vie mauvaise qu' il a déjà vécue.
Mais son Ego, l' homme véritable qui est en lui, a reçu
une terrible leçon et assurément il fera tous ses
efforts pour empêcher sa manifestation inférieure
de renouveler la faute ainsi châtiée et de retomber
sous le joug des mêmes instincts. Sans doute, il y a encore
les germes en lui, mais, s' il a mérité par ailleurs
de naître de
parents bons et sages, ceux-ci l' aideront à développer
ce qui est bon dans sa nature en réfrénant ce qu 'elle
contient de mauvais. Ne pouvant fructifier, les germes passionnels
s' atrophieront: encore une incarnation et ils n' apparaîtront
même plus. C' est ainsi que par de lents progrès l'
homme arrive à détruire en lui les mauvaises tendances
et
à développer à leur place toutes les vertus.
D' autre part, l' homme intelligent et altruiste, l' homme qui comprend
les conditions de cette existence hyper-physique et qui veut bien
prendre la peine de s'y adapter et de remplir le plus grand nombre
possible de ces conditions, cet homme voit s' ouvrir devant lui un
admirable champ d' occasion et de possibilités, tant de s'
instruire que de travailler utilement. Il découvre que la vie,
hors du corps grossier, possède une intensité et un
éclat auxquels les joies terrestres les plus vives ne ressemblent
pas plus que le clair de lune ne ressemble à un midi rayonnant
de soleil. Sa claire connaissance et sa confiance calme font resplendir
sur lui et sur tous ceux qui l'entourent les pouvoirs de la vie qui
ne se termine point. Il devient un ineffable centre de paix et de
joie pour des centaines d' hommes, ses frères, et il peut,
en quelques années de cette existence astrale, faire plus de
bien que ne lui aurait permis d' en faire la vie physique la plus
longue.
Il sait bien, surtout, qu' il a encore devant lui une autre période
de sa vie d' outre-tombe et que celle-ci est plus grandiose encore.
De même que par ses pensées et par ses désirs
inférieurs il s' est créé l' ambiance de sa
vie astrale, ainsi par ses pensées les plus hautes et par
ses plus nobles aspirations s'est-îl préparé lui-même
sa vie céleste. Car le ciel n' est point un rêve,
mais une vivante et glorieuse réalité. Ce n' est
point une cité lointaine, sise au-dessus des étoiles,
avec des portes en perles fines et des rues pavées d' or,
patrie d' un petit nombre de privilégiés. Non, le
ciel est simplement un état de conscience par lequel tout
homme a passé,
passe et passera durant l' intervalle qui sépare ses incarnations.
Ce ciel n' est donc pas, naturellement, un séjour éternel;
mais c' est un état d' inexprimable bonheur, qui se prolonge
pendant des centaines d' années. Et ce n' est pas tout,
car, bien que ce ciel contienne la réalité de tout
ce que les diverses religions ont promis de meilleur et de plus
sublime sous
le nom de ciel, néanmoins on ne doit pas le considérer
à ce seul point de vue.
Mais c' est un royaume de la nature qui a pour nous une extrême
importance; c' est un immense et admirable monde de vie intense
dans
lequel nous vivons dès maintenant, aussi bien que pendant
les périodes qui séparent deux incarnations. Seuls,
notre manque de développement et cette sorte de diminution
de notre Ego qui nous est imposée par ce vêtement de
chair, peuvent nous empêcher de comprendre pleinement que
toute la gloire du ciel le plus élevé nous environne
de tous côtés
et à tout moment, et que les influences de ce monde supérieur
ne cessent de nous envelopper, de nous pénétrer de
toutes parts. Si impossible que cela paraisse à l' homme
ordinaire, ce n' est là pour l' occultiste que la plus positive
des réalités; et aux personnes qui n' ont pas encore
compris cette vérité
fondamentale nous ne saurions mieux faire que de répéter
l' avis donné par l' Instructeur bouddhiste : « Ne
vous plaignez de la prière, des cris
et des plaintes, mais ouvrez les yeux et voyez. La lumière
brille tout autour de vous et vous n' avez qu 'à retirer
le bandeau qui est sur vos yeux et à regarder. Cela est si
merveilleux, si beau, cela dépasse de si loin tout ce que
l' homme a rêvé
ou demandé dans ses prières! Et cela durera toujours
et toujours! » (The Soul of a People, page 163.)
Lorsque le corps astral, véhicule des pensées et des
désirs d' un ordre inférieur, lorsque le corps astral
a été peu à peu usé et dépouillé,
alors l' homme se trouve habiter ce véhicule formé d'
une matière plus haute et plus fine, que nous avons appelé
le corps mental. Il a maintenant centré sa conscience dans
ce véhicule, et il peut, par cet intermédiaire, perce
voir les vibrations qui proviennent des particules du monde externe
correspondant à la densité du corps mental, c' est-à-dire
les vibrations de la matière du plan mental. Son temps de purgatoire
est achevé; la partie inférieure de sa nature s' est
consumée d' elle-même, et il ne reste plus maintenant
que les pensées et les aspirations les plus hautes qu' il a
eues pendant sa vie terrestre. Elles se serrent autour de lui et forment
une sorte de coquille, au moyen de laquelle il peut répondre
à certaines modalités vibratoires de cette matière
très subtile, et au moyen de laquelle également il puise
au trésor commun du monde céleste. Car ce plan mental
est, si j' ose dire, le reflet même de l' Esprit divin, l' inépuisable
réserve d' où les habitants du Ciel peuvent extraire
exactement ce que leur permettent d'y prendre les aspirations et les
pensées qu 'ils ont eues pendant leurs existences physique
et astrale.
Toutes les religions ont parlé du bonheur céleste;
mais peu d' entre elles ont su mettre en lumière cette idée
maîtresse qui seule permet d' expliquer rationnellement de
quelle façon tout le monde indistinctement peut être
heureux au ciel. C' est là pourtant la clef de la question,
ce fait que chacun est le créateur de son propre ciel en
choisissant parmi les indicibles splendeurs de la Pensée
divine elle-même
les biens qu' il a le plus passionnément désirés.
C' est ainsi que chacun règle pour soi-même, au moyen
des causes qu' il génère ici-bas, et la durée
et le caractère de sa vie supérieure; chaque homme
ne peut donc qu' avoir exactement la quantité de bonheur
qu' il a méritée, et ses joies célestes
seront de la qualité la mieux appropriée à ses
idiosyncrasies. Le ciel est un monde «dans lequel chaque être
(du fait même qu' il y est conscient) jouit du plus grand
bonheur spirituel qu' il soit susceptible de goûter; c'
est un monde qui peut satisfaire toutes les aspirations, sans
mesure, sans autre mesure
du moins que celles de ces aspirations elles-mêmes.
On trouvera de plus amples détails sur la vie astrale dans
le Plan astral; la vie céleste est décrite dans le Plan
mental; on trouvera également des renseignements sur l'
une et sur l' autre dans les deux ouvrages suivants : La Mort
et l' Au-delà et l' Autre Côté de la
Mort,
CHAPITRE -8-
LE PASSÉ DE L' HOMME ET SON
AVENIR
Dès que l' on a bien compris que ce n' est qu'en traversant
une longue série de vies différentes que chaque homme
en est arrivé à son degré actuel d' évolution,
voici une question qui vient s' imposer tout naturellement à
l' esprit : jusqu 'à quel point peut-on être renseigné
sur ce passé? Le problème est évidemment d' un
indéniable intérêt. Eh bien, par bonheur, on peut
être renseigné d' une manière certaine sur ce
point, non seulement par la tradition, mais encore d' une autre façon
beaucoup plus sûre. Je n' ai pas la place de m' étendre
ici sur les merveilles de la psychométrie. Je dirai simplement
que l' on a de nombreuses preuves qu' il n' est pas de si petit événement
on incident qui ne s' enregistre de soi-même immédiatement
et d' une manière indélébile, dans ce que l'
on a appelé la mémoire de la Nature; et c'
est dans la mémoire de la Nature aussi que l' on peut retrouver
avec une exactitude absolue la représentation vraie, complète
et fidèle de quelque scène que ce soit, de n' importe
quel événement, depuis que le monde a commencé.
Les personnes pour qui ce sujet serait absolument neuf, et qui, par
conséquent, réclameraient des preuves, voudront bien
se référer à Psychometry (docteur Buchanan) ou
à Soul of Things (professeur Denton); mais tous les étudiants
de l' occultisme savent qu' il est possible de lire les enregistrements
du passé; et parmi ces étudiants beaucoup savent comment
on les lit.
Dans son essence, cette mémoire de la Nature ne peut être
que la Divine Mémoire elle-même, laquelle est bien
au-dessus de la portée de nos esprits, mais cette Mémoire
divine est exactement réfléchie sur des plans moins élevés;
de sorte que l' intelligence humaine, lorsqu 'elle est entraînée
à cet exercice, peut retrouver sur ces plans la trace de tous
les événements qui les ont affectés. Donnons
un exemple : Tout ce qui se passe devant un miroir se réfléchit
sur la surface de ce miroir et nos yeux aveugles croient que toutes
ces images ne laissent aucune trace sur la surface réfléchissante.
Cependant il pourrait en être différemment. Il n' est
pas difficile d' imaginer que ces images pourraient impressionner
le miroir de même que tous les sons impressionnent le cylindre
enregistreur d' un phonographe; et rien n' empêcherait de
trouver une manière de reconstituer les images à l'
aide de leurs traces sur le cylindre.
La psychométrie supérieure nous montre que non seulement il
pourrait en être ainsi, mais qu' il en est ainsi, et que
non seulement un miroir, .mais n' importe quel objet physique garde
la trace de tout ce qui s' est passé devant lui (si l' on peut
ainsi parler). Nous avons de la sorte à notre disposition une
méthode rigoureuse et précise qui nous permet de reprendre
à son début l' histoire de notre monde et de notre race,
et c' est ainsi qu 'une infinité de choses du plus palpitant
intérêt peuvent être observées dans leurs
moindres détails et comme si les scènes du passé
étaient répétées, pour notre plus grand
avantage, par les acteurs mêmes qui les jouèrent autrefois.
(Voir Clairvoyance, édition française.)
Les recherches que l' on a faites dans la préhistoire, par
de telles méthodes, nous permettent de constater un long
processus
évolutif, graduel et lent, mais incessant. Le développement
de l' humanité a été soumis à deux grandes
lois; la première est la loi d' évolution qui, paisiblement,
pousse l' homme en avant et en haut; la seconde est la loi de
divine
justice ou loi de cause et effet qui assure à l' homme, avec
une exactitude absolue, la rétribution de ses moindres actes
et lui apprend ainsi peu à peu à se conformer intelligemment
à la première loi.
Ce long processus évolutif n'a pas la terre pour unique théâtre.
Nous l' avons commencé sur d' autres globes du même
ordre; mais le sujet est beaucoup trop vaste; il est impossible de
le traiter
dans un livre élémentaire comme celui-ci. C' est
là le thème principal de l' ouvrage monumental de M""
Blavatsky, la Doctrine Secrète; mais avant d' en entamer
la lecture, les commençants feront bien de lire les chapitres
qui se rapportent à ce sujet dans Sagesse Antique,
d'Annie Besant, et le Développement de l' âme,
d'A.P. Sinnett.
Les livres que je viens de citer nous renseignent avec autant de
détails
que de certitude non seulement sur le passé de l' homme, mais
encore sur son avenir; et quoique la gloire de cet avenir ne puisse
être dite en aucune langue, on peut, cependant, donner une
idée des premiers degrés qui conduisent à ces
sublimes sommets. Que l' homme soit, dès à présent,
divin, et qu' il puisse développer en lui-même les
pouvoirs de la divinité, c' est là une idée
qui paraît
choquante à beaucoup de très braves gens, lesquels
seraient même tentés de la trouver blasphématoire.
Pourquoi? Il est difficile de le découvrir puisque Jésus
lui-même
rappelle aux Juifs qui l'entourent le texte de leurs Écritures.
: « J' ai dit : vous êtes des Dieux » ; et que
la doctrine de la déification de l' homme était très
généralement soutenue par les Pères de l'Eglise.
Mais à notre époque une grande partie des doctrines
les plus pures d' autrefois a été oubliée
ou mal comprise, et la vérité ne semble être
connue dans son intégralité que par les étudiants
de
l' occultisme.
On entend demander quelquefois pourquoi, si l' homme
était au commencement une étincelle de la divinité,
pourquoi il est devenu nécessaire de traverser tous ces éons
de l' évolution, qui impliquent tant de tristesses et de
souffrances, et tout cela dans le simple but de redevenir Dieu à la
fin comme il était au commencement Les personnes qui formulent
une telle objection n' ont pas encore compris du tout le plan évolutif.
Ce qui a été émané de la Divinité,
au commencement, n' était point encore un homme et n' était
même pas, proprement, une étincelle, car il n'y
avait aucune individualisation dans cette émanation.
C' était
simplement comme un grand nuage d' essence Divine, capable, cependant,
de se condenser éventuellement en une infinité d' étincelles.
La différence entre la condition de cette essence
divine, au moment de son émanation et au moment de
son retour, est exactement la même que celle que l'
on peut observer entre un vaste amas de matière nébuleuse
luisant faiblement et le système
solaire que pourra former cette nébuleuse. Celle-ci est très
belle, je le veux bien; mais elle est à peine délimitée
et elle ne sert à rien; les soleils auxquels donnera naissance
sa lente évolution répandront vie, chaleur et lumière
sur un grand nombre de mondes et sur les habitants de ces mondes.
Nous pouvons employer encore une autre comparaison. Le corps humain
se compose d' innombrables millions d' infimes particules, dont
un
grand nombre sont, à chaque instant, rejetées de l'
organisme. Supposons que, par un processus évolutif quelconque,
chacune de ces particules puisse, avec le temps, devenir à
son tour un être humain. Dirions-nous que cette évolution
n'a rien fait gagner à ces particules puisque, d' une certaine
façon, elles étaient humaines aussi au commencement?
Eh bien! l' essence divine est émanée, dans le principe,
à l' état de simple force (divine, il est vrai), et
elle revient sous la forme de milliers et de milliers de puissants
adeptes dont chacun est capable de se développer ultérieurement
en un Logos.
On voit par là que nous avions bien le droit de déclarer
que l' avenir de l' homme est un avenir de gloire et de splendeur
illimitées. Et un point très important à se
rappeler, c' est que ce magnifique avenir nous est réservé à
tous sans exception. Celui que nous appelons un homme bon, celui
qui se conforme à la Divine volonté et dont les actions
coopèrent à la marche de l' évolution, celui-là
fait de rapides progrès sur le sentier qui mène au
terme heureux. L' homme, au contraire, qui, ininteligemment, retarde
le
grand courant évolutif en s'opiniâtrant, par exemple,
à la recherche des satisfactions égoïstes au lieu
de collaborer au bien de tous, celui-là ne pourra progresser
que très lentement et irrégulièrement. Mais
la Divine Volonté est infiniment plus puissante qu' aucun
vouloir humain, et la mise en oeuvre du vaste plan est parfaite.
L' homme
qui n' apprend pas sa leçon le premier jour devra simplement
revenir et revenir à l' école jusqu 'à ce qu'
enfin il la sache. La patience divine est infinie et, tôt
ou tard, chaque être humain atteint le but qui lui est assigné.
Pour ceux qui connaissent la Loi et la Volonté, il ne peut
y avoir ni crainte ni incertitude. La paix absolue est leur apanage.
CHAPITRE
-9-
LA CAUSE ET L'EFFET
Au cours des chapitres précédents, nous avons eu à
mentionner constamment cette puissante loi de Cause et d' Effet,
sous l' action de laquelle chaque homme reçoit rigoureusement
la rétribution qu' il mérite. Sans cette loi, nous
ne pourrions pénétrer le reste du Plan Divin. Il est
donc nécessaire
que nous essayions de la comprendre très exactement, et pour
cela, il faut tout d' abord que nous rompions avec le préjugé
ecclésiastique d' une récompense ou d' un châtiment
consécutifs à toute action humaine. Cette idée
de récompense et de châtiment ne saurait être
séparée
de l' idée d' un juge, d' un distributeur de la récompense
ou du châtiment, et cette dernière idée conduit
à une autre encore; c' est que le juge pourrait être
plus accommodant dans un cas que dans un autre; qu' il pourrait
se
laisser influencer par les circonstances; qu' un recours en grâce
pourrait lui être adressé, et qu' ainsi l' application
de la loi pourrait être soit modifiée, soit même
escamotée complètement.
Or, chacune de ces suppositions est des plus erronées, et le
système de pensée dont elles font partie doit être
absolument répudié et abandonné par quiconque
veut arriver à l' intelligence véritable des faits.
Prenez dans votre main une barre de fer chauffée au rouge,
hors de certaines conditions spéciales, vous vous brûlerez
grièvement. Il ne nous viendra pas à l' idée,
cependant, de dire que Dieu vous a puni d' avoir touché cette
barre de fer; mais vous comprendrez fort bien qu' il vous est arrivé
cela même qui devait vous arriver conformément aux lois
de la nature; et tous ceux qui savent ce que c' est que la chaleur
et comment elle agit, seraient à même d' expliquer exactement
pourquoi vous vous êtes brûlé.
Veuillez observer, en outre, que votre intention n'a aucun effet sur
le résultat physique de votre acte. Que vous ayez saisi cette
barre pour accomplir une mauvaise action, ou, au contraire, pour épargner
un malheur à quelque autre personne, vous n' en serez ni plus
ni moins brûlé. A un autre point de vue, naturellement,
à un point de vue plus élevé, les résultats
seront très différents. Dans le dernier cas, vous aurez
fait une noble action et vous vous sentirez approuvé par votre
conscience, tandis que dans le premier vous n' éprouveriez
que des remords. Mais la brûlure physique n' en resterait pas
moins la même.
Eh bien ! pour avoir une idée vraie de la façon dont
opère la loi de cause et d' effet, il faut se représenter
qu 'elle agit avec un automatisme semblable. Supposons une masse pesante
suspendue au plafond au moyen d' une corde et exerçons un certain
effort sur cette masse pour l' écarter de la verticale. Les
lois de la mécanique nous enseignent que la réaction
de la masse pesante sur notre main correspondra exactement à
la force que nous aurons déployée; et cette réaction
se produira indépendamment des raisons qui auront pu nous déterminer
à détruire l' équilibre du système. De
même, l' homme qui commet une . mauvaise action trouble le régime
du grand courant évolutif, et celui-ci réagit avec autant
de force exactement qu' il en a été déployé
contre lui.
Il ne faut pas supposer un seul instant, toutefois, que l' intention
qui préside à nos actes soit indifférente. Elle
est, au contraire, le facteur le plus important qui les caractérise
tout en ne modifiant en rien leurs résultats sur le plan physique.
N' oublions pas, en effet, que l' intention elle-même est une
force, une force qui agit sur le plan mental, c' est-à-dire
sur de la matière si fine et à vibrations si rapides
qu 'une même somme d' énergie produit sur ce plan un
effet infiniment plus grand que sur des plans inférieurs. L'
acte physique produira donc son résultat sur le plan physique;
mais en même temps l' énergie mentale de l' intention
produira le sien sur le plan mental; ce dernier résultat sera
tout à fait indépendant du premier et aura, à
coup sûr, une importance bien plus grande. On voit que de cette
manière une rétribution parfaite est toujours accordée
automatiquement. Si complexes que soient les motifs déterminants
de nos actions, quelque proportion de bien et de mal que puissent
comporter leurs résultats physiques, l' équilibre, de
lui-même, se rétablira toujours exactement et une parfaite
justice régnera à tous les degrés.
Nous ne devons pas oublier que c' est l' homme lui-même et l'
homme seul qui édifie son caractère futur comme il génère
aussi sa future ambiance. On peut dire, d' une manière très
générale, que les actes de sa vie présente engendrent
les conditions circonstancielles de sa prochaine incarnation, tandis
que ses pensées
dans une vie sont les principaux facteurs du développement
de son caractère au cours de la vie suivante. II est infiniment
intéressant d' étudier suivant quelle méthode
oeuvrent toutes ces forces diverses; mais nous ne pouvons ici entrer
dans tous ces détails. On les trouvera exposés très
complètement dans le manuel d'Annie Besant, Karma,
ainsi que dans le chapitre de la Sagesse antique (même
auteur) relatif à cette question et dans le Bouddhisme
ésotérique d'A.P. Sinnett.
Il est patent que de tels faits corroborent admirablement un
grand nombre de nos principes de morale. Puisque la pensée
a un pouvoir si grand, puisqu 'elle peut produire sur son propre plan
des effets de beaucoup plus importants qu' aucun de ceux qui peuvent
être générés sur le plan physique, il devient
immédiatement évident que chaque homme doit se mettre
en mesure de maîtriser une telle force. Car non seulement c'
est avec elle qu' il construit son futur caractère, mais par
elle encore, et d' une façon aussi constante qu 'inévitable,
il agit sur tous les êtres qui l' environnent.
Du fait de sa pensée et suivant l' usage qu' il en fera, va
peser sur lui une très sérieuse responsabilité.
Lorsqu' un homme ordinaire sent monter en son âme un sentiment
de haine ou le désir de nuire à son semblable, il
a une tendance naturelle à traduire ce sentiment et ce
désir
par un acte ou tout au moins par une parole. Néanmoins, les
règles communes aux sociétés civilisées
lui défendent cet éclat et lui prescrivent de réprimer,
autant qu' il lui sera possible, toute manifestation extérieure
de ce qu' il éprouve. Et s' il réussit à se
conformer de la sorte aux conventions sociales, il se croit
fondé à
se féliciter et pense avoir rempli tout son devoir. L' étudiant
de l' occultisme, lui, sait qu' il doit pousser beaucoup plus loin
la maîtrise de soi-même et qu' il doit absolument réprimer
la moindre pensée d' irritation, tout aussi bien
que sa manifestation extérieure. Car il sait que ses sentiments
déchaînent
sur le plan astral des forces terribles, que ces forces agiront contre
l' objet de sa colère aussi sûrement que s' il le
frappait physiquement et que, bien souvent, les effets produits
par les forces
astrales seront infiniment plus sérieux et plus durables.
Il est vrai, il est très positivement vrai, que les pensées
sont des choses. Elles apparaissent à la vue clairvoyante,
avec une forme précise, une couleur déterminée,
celle-ci dépendant, naturellement, du mode vibratoire de ces
pensées. L' étude de leurs formes et de leurs
couleurs est d' un grand intérêt. On en trouvera une
description illustrée d' aquarelles dans le numéro du
mois de septembre 1896 de la revue Lucifer.
Ces considérations nous ouvrent des horizons de différents
côtés. Puisque nos pensées peuvent - trop
facilement - faire du mal, elles peuvent aussi faire du
bien. Par elles nous pouvons créer des courants mentaux
qui porteront
à maint ami souffrant l' aide de notre sympathie, et de la
sorte, tout un monde nouveau s' offre à notre désir
de nous rendre utiles. Bien des coeurs pénétrés
de gratitude ont gémi de n' avoir pas la richesse matérielle
qui leur aurait permis de reconnaître les bienfaits reçus;
eh bien, voilà pour eux une manière de s' acquitter,
dans un domaine où il importe peu de jouir ou de manquer
des biens physiques.
Quiconque pense, peut aider ses frères; et quiconque peut les
aider, doit le faire. Dans ce cas, comme dans tous les autres, savoir
c' est pouvoir, et qui comprend la loi peut utiliser la loi. Nous
savons quels effets certaines de nos pensées peuvent produire
sur nous-mêmes et sur nos semblables. Nous devons donc faire
en sorte d' obtenir, de propos délibéré, les
résultats désirables. C' est ainsi que chacun peut non
seulement modeler son caractère durant la vie présente,
mais encore déterminer ce que sera son caractère au
cours de son incarnation suivante. Car toute pensée est une
vibration dans la matière du corps mental et la même
pensée répétée avec persévérance
éveille des vibrations correspondantes (une octave au-dessus)
dans la matière du corps causal. C' est ainsi que s' édifient
progressivement dans l' Ego lui-même certaines qualités
qui réapparaîtront certainement et feront partie de l'innéité
avec laquelle cet Ego entrera dans la suivante incarnation. C' est
ainsi encore que, toujours grandissantes, les facultés et les
vertus de l' âme se développent petit à petit.
Petit à petit également, l' homme prend en main l'oeuvre
de son progrès et commence à collaborer avec intelligence
au vaste plan de la Divinité.
Pour qui désirerait plus de détails sur ce sujet, le
meilleur ouvrage à consulter est celui d'Annie Besant: Le
Pouvoir de la pensée.
CHAPITRE
-10-
LES BIENFAITS DE LA THEOSOPHIE
Le lecteur attentif a déjà dû voir combien ces
conceptions théosophiques changent profondément l' aspect
de la vie pour qui s' est une fois convaincu de leur vérité;
il a vu également, par ce que nous avons écrit, et
le sens de ces changements d' aspect et les raisons qui les motivent.
La Théosophie nous fournit une explication rationnelle de cette
existence qui, auparavant, pour un si grand nombre d' entre nous,
n' était qu' un problème insoluble, une énigme
sans réponse. Elle nous fait connaître, la Théosophie,
et pourquoi nous sommes sur cette terre, et ce que nous devons y faire,
et quelle méthode de travail employer pour le faire. Si peu
digne d' être vécue que nous paraisse la vie, lorsque
nous n' envisageons que les tristes plaisirs et les pauvres avantages
qu 'elle nous procure sur le plan physique, la Théosophie nous
montre le grand bienfait que nous avons reçu avec elle si nous
la considérons comme l' école qui nous préparera
aux gloires indescriptibles et aux infinies potentialités des
plans supérieurs.
A la clarté des enseignements théosophiques nous découvrons
non seulement la manière de nous développer nous-mêmes,
mais encore la manière d' aider au développement
de notre prochain; celle de nous rendre plus utile, par nos pensées
et par nos actes, d' abord au petit cercle de ceux de nos frères
qui sont plus directement mêlés à notre vie
ou que nous aimons le plus; et ensuite, par degrés, à mesure
que notre pouvoir augmente, à la race humaine tout entière.
De tels sentiments, de tels pensées habituels nous
placent à
un niveau plus élevé, d' où nous voyons clairement
combien étroites et méprisables étaient les
préoccupations
personnelles qui surchargeaient notre vie passée. Inévitablement,
nous commençons à envisager les choses non plus au
point de vue de leur influence sur notre infime personnalité,
mais au point de vue plus large de leur action sur l' ensemble
de la race
humaine.
Les soucis et les chagrins divers que nous devons
subir ne nous paraissent bien souvent aussi démesurés
que parce qu 'ils sont trop près de nous; ils obscurcissent
notre horizon tout entier comme une assiette tenue près
de nos yeux éclipserait le soleil. Cela nous fait oublier
souvent que le fond de l' existence est un repos céleste.
L' enseignement théosophique remet tout au point; il nous
permet de nous élever au-dessus des nuages, de regarder
de haut et d' apprécier ainsi le véritable aspect
de tout ce que nous voyions si mal lorsque nous le considérions
d' en bas et de trop près. Il nous apprend à dépouiller
notre personnalité inférieure et à rejeter
en même temps que ce cortège d' illusions
et de préjugés
qui l' accompagnent, ainsi que le prisme trompeur à travers
lequel nous regardions la vie; il nous élève à
un niveau où l' égoïsme ne peut plus respirer,
où nous ne comprenons plus qu 'une règle de conduite:
pratiquer la justice pour l' amour de la justice; où notre
plus grande joie enfin ne saurait être que d' aider nos
frères.
Et c' est une vie de joies intenses qui s' ouvre à présent
devant nous. A mesure que l' homme évolue, son pouvoir de
sympathie et de compassion augmente; il devient de plus en plus
sensible à
la tristesse, aux souffrances, aux fautes qui assombrissent l' univers.
Et pourtant, en même temps, il voit de plus en plus clairement
la cause de ces souffrances, il comprend de mieux en mieux qu'en
dépit
de cette souffrance même, toute la création oeuvre en
vue du bien final de la création. Et c' est ainsi que s'épand
en nous la joie profonde, l' absolue sécurité, fille
de la certitude où nous sommes que tout est pour
le mieux; et aussi la paix radieuse que nous puisons dans la
contemplation du
Logos et dans le spectacle de cet accomplissement paisible, progressif
et infaillible du plan qu' il a tracé de l' univers. Nous
savons que Dieu veut que nous soyons heureux et que notre devoir
le plus
strict est par conséquent d' être heureux, d' épancher
tout autour de nous, sur nos frères, des vagues de bonheur,
puisque, aussi bien, c' est un des moyens qui nous sont donnés
d' alléger la tristesse du monde.
Dans la vie ordinaire, une grande aggravation des souffrances d' un
homme vient souvent de ce qu' il s' imagine souffrir injustement.
Que de fois n' entend-on pas gémir : « Pourquoi suis-je
en butte à toutes ces infortunes? Voici mon voisin, qui n'
est pas meilleur que moi. Pourtant il n' est pas malade, il n'a pas
perdu ses amis, sa fortune. Pourquoi donc suis-je si malheureux? »
La Théosophie préserve ceux qui l' étudient d'
une pareille erreur,
car elle leur a tout d' abord enseigné que jamais souffrance
imméritée ne fut envoyée à un homme. Les
douleurs que nous avons à supporter, quelles qu' elles soient,
ne sont que des dettes contractées par nous et qu' il faut
payer tôt ou tard. Le plus tôt est donc le mieux. Et ce
n' est pas tout. Chacune de ces douleurs nous offre une occasion de
nous développer. Si nous supportons patiemment, courageusement
notre peine, sans nous laisser abattre par elle, mais en essayant,
au contraire, de tirer le meilleur parti possible de cette épreuve,
alors nous accroissons en nous de précieuses qualités
: le courage, la persévérance, la détermination
; et de la sorte nous récoltons la moisson du bien dans le
champ même .qu 'avaient ensemencé nos fautes d' autrefois.
Nous l' avons déjà dit, toute crainte de la mort est
entièrement dissipée par l' enseignement théosophique
puisque cet enseignement explique clairement ce qu 'est la mort.
Le théosophe cesse de se lamenter sur le sort de ceux qui
sont partis avant lui. Ne sait-il pas qu 'ils sont toujours à ses
côtés et que donner cours à une douleur égoïste
ne pourrait être pour eux qu 'une cause de tristesse et de
malaise? Comment en serait-il autrement? Comment un chagrin désordonné
ne réagirait-il pas douloureusement sur ces êtres qui
sont aussi près de lui que jamais, joints à lui par
une sympathie plus ardente que jamais?
Est-ce à dire que la Théosophie préconise l'
oubli des morts? Loin de là. Elle conseille tout au contraire
de penser aux morts aussi souvent que possible, mais jamais avec une
tristesse égoïste, jamais avec le désir de les
ramener à la vie terrestre, jamais avec le sentiment de leur
perte apparente; toujours avec la pensée du grand avantage
qui leur est échu. La Théosophie affirme que de fortes
pensées d' amour sont pour les vivants un puissant moyen de
favoriser l' évolution des morts et que, si nous voulons penser
à eux raisonnablement et comme il convient, nous pouvons leur
venir en aide très utilement dans leur développement
posthume.
Une étude consciencieuse de ce qu 'est une existence humaine,
d' une incarnation à l' incarnation suivante, montre combien
petite est la durée de la vie physique en comparaison du
cycle tout entier. Prenons le cas d' un homme d' une éducation
et d' une instruction supérieures. La durée d' une
seule vie - je veux dire d' un seul des jours de sa véritable
vie - cette durée serait une moyenne de cinq cents
ans environ. Sur ce demi-millénaire, soixante-dix ou quatre-vingts
ans peut-être seront remplis par la vie physique, quinze
ou vingt ans par la vie sur le plan astral; le reste du temps
revient
à la vie dans le monde céleste, qui est donc, de beaucoup,
la partie la plus importante de l' existence de l' homme. Ces proportions,
bien entendu, varient considérablement suivant les différents
types humains, et quand, en particulier, nous arrivons à considérer
les âmes les plus jeunes, incarnées soit dans les
races inférieures, soit dans les classes inférieures
de notre propre race, nous trouvons que la proportion est complètement
changée; la vie astrale devenant beaucoup plus longue et
la vie céleste beaucoup plus courte. Dans le cas d' un
sauvage véritable, il n'y a pour ainsi dire pas de vie
céleste,
cet homme n' ayant encore développé en lui aucune des
qualités qui nous permettent d' atteindre le plan correspondant.
La connaissance de tous ces faits nous donne de l' avenir une vue
nette et assurée qui nous soulage délicieusement du
vague et de l' indécision où flotte ordinairement
la pensée sur de tels sujets. Il serait impossible à un
théosophe d' éprouver la moindre appréhension
par rapport à son salut , par exemple; car
il sait bien qu' il n' est rien dont l' homme ait à se
sauver, si ce n' est de sa propre ignorance; et il considérerait
comme un monstrueux blasphème de redouter que la volonté du
Logos ne soit pas un jour accomplie pour la totalité de
ses enfants.
Le théosophe n'a point une vague espérance éternelle ,
mais il possède une absolue certitude, parce qu' il
connaît l' éternelle loi; et il ne peut pas craindre
l' avenir, précisément parce qu' il le connaît
aussi. Son seul souci est donc de se rendre digne de collaborer au
grand oeuvre de l' évolution. Il peut bien se faire, à
la vérité, que toute coopération importante lui
soit interdite pour le moment. Cependant il n' est personne qui ne
puisse faire quelque petite chose, tout près de soi, tout autour
de soi, dans son petit cercle, si bas que l' on soit placé.
Il n' est pas un homme qui n' ait des occasions de travailler et,
partant, de se développer, car tout contact, tout rapport
est une de ces occasions. Entrons-nous en relations avec quelqu'un,
que
ce soit un enfant qui naît dans notre famille, un ami qui vient
dans notre entourage, un domestique qui prend du service chez nous;
voilà autant d' âmes que nous pouvons aider, autant
d' occasions qui nous sont offertes d' une façon ou d' une
autre. Je ne prétends pas un seul instant, remarquez le bien,
qu' il nous faille, à l'instar de quelques-uns de nos amis
pieusement ignorants et maladroits, chercher à inculquer
nos idées
et nos convictions à quiconque entrera en rapports avec nous.
Certes, non; je dis seulement que nous devons être constamment
prêts à aider tous ceux qui auraient besoin de notre
secours.
Nous veillerons attentivement à ne jamais laisser échapper
une occasion de rendre service à quelqu'un, soit matériellement
autant qu' il sera en notre pouvoir, soit en faisant part de ce que
nous savons si l' on désire profiter de nos conseils ou de
nos connaissances. Dans bien des cas il nous est impossible d' aider
notre prochain par nos actes ou par nos paroles; mais il n' est pas
une occasion où nous ne puissions émettre quelque amicale
et sympathique pensée, et nul de ceux qui connaissent le pouvoir
de ces courants spirituels ne doutera du résultat, lors même
qu' il n' apparaîtrait pas immédiatement visible sur
le plan physique.
Le théosophe devrait se distinguer du reste de l' humanité
par son inaltérable gaîté, son courage invincible
au milieu de toutes les difficultés et sa sympathie toujours
en éveil et prête à rendre service. Assurément
sa gaîté ne l' empêchera pas de prendre la vie
au sérieux, de comprendre que, dans le monde, il y a beaucoup
à faire pour chacun et que personne n'a de temps à perdre.
Il sentira qu' il est nécessaire d' obtenir un parfait empire
sur soi-même et sur ses différents véhicules,
parce que l' on ne peut que par ce moyen se préparer à
aider ses frères quand l' occasion s' en présentera.
Il choisira toujours la pensée la plus haute de préférence
à la plus basse; la plus noble de préférence
à la plus terre à terre. Voyant le bien en toutes choses,
il sera parfaitement tolérant. Il préférera délibérément
les explications optimistes aux explications pessimistes; il verra
toujours le côté consolant des choses et non leur côté
triste, car il ne peut oublier que le bien est le germe, la matière
et la fin de la vérité même, tandis que le mal
n' est qu 'une ombre temporaire qui s' effacera forcément puisque
le bien seul peut subsister.
Le théosophe cherchera donc le bien partout pour lui prêter
le secours de sa faiblesse; il essaiera de démêler en
toute chose le sens de l' action de la grande loi évolutive,
afin de pouvoir oeuvrer, lui aussi, suivant la même direction,
contribuant de toute son énergie, si infime soit-elle, à
favoriser le puissant courant des forces cosmiques. Ainsi, tâchant
toujours de l' aider, ne s' exposant jamais à la contrecarrer,
il deviendra, dans son humble sphère d' action, un des pouvoirs
bienfaisants de la Nature. Si minime que puisse être sa contribution,
si indiciblement lointain que soit le faible secours qu' il apporte,
il n' en devient pas moins un collaborateur de Dieu, et c' est là
le plus grand honneur, le plus sublime privilège dont puisse
jamais être gratifié un homme.
APPENDICE
BUTS DE LA SOCIÉTÉ
1) Former le noyau d' une Fraternité de tous les hommes,
sans distinction de race, de religion, de sexe, de caste ou de
couleur.
2) Encourager l' étude des religions comparées,
de la philosophie et de la science.
3) Étudier les lois inexpliquées de la nature et les
pouvoirs latents de l' homme.
La Société Théosophique est composée
de chercheurs qui peuvent, soit appartenir à l' une quelconque
des religions connues, soit n' appartenir à aucune religion,
mais qui sont unis entre eux par l' approbation qu 'ils donnent
aux
buts ci-dessus énumérés; par leur désir
de mettre fin aux antagonismes religieux et de rapprocher les uns
des autres tous les hommes de bonne volonté, à quelque
confession qu 'ils appartiennent; enfin par leur volonté d'
étudier les vérités religieuses, et de partager
avec leurs frères le fruit de leurs travaux. Ils ont pour
trait d' union non point une profession de foi commune, mais une
commune
aspiration vers la vérité, une commune recherche de
cette vérité. C' est par l' étude, pensent-ils,
par la réflexion, par une vie pure et par le dévouement
à un sublime idéal que l' on peut obtenir la vérité.
Elle est une récompense qu' il faut mériter par ses
efforts; elle n' est point un dogme que l' on doive imposer avec
autorité.
Les membres de la Société Théosophique estiment
que toute croyance doit résulter d' une étude ou d'
une intuition individuelles, bien loin de pouvoir les précéder;
qu 'elle doit reposer sur la connaissance et non sur des affirmations.
A tous, même aux intolérants, ils étendent leur
vaste tolérance, et cela non pas comme une faveur qu 'ils
accorderaient, mais comme un devoir qu 'ils ont à rendre;
ils cherchent à
dissiper l' ignorance, non à la punir. Considérant
chaque religion comme une expression particulière de la sagesse
divine, ils aiment mieux l' étudier que la condamner, comme
ils préfèrent
aussi la voir pratiquer plutôt que propager avec un esprit
de prosélytisme. La paix est leur mot d' ordre; la Vérité,
leur objectif.
La Théosophie est le corps de vérités qui forme
l' ossature de toutes les religions et dont aucune d' entre elles
ne peut revendiquer la propriété exclusive. Elle nous
expose une philosophie qui rend intelligible la vie et fait voir que
notre évolution est guidée par la justice et l' amour.
Elle remet la mort à sa vraie place d' incident périodique
dans une vie sans fin; elle nous la montre ce qu 'elle est : la porte
d' une existence plus active et plus radieuse. Elle restitue au monde
la véritable science spirituelle, nous faisant connaître
que l' esprit, c' est vraiment nous-même, et que l' âme
et le corps sont les serviteurs de l' esprit. Elle illumine les écritures
et les doctrines des différentes religions en se dévoilant
les significations cachées, et de la sorte elle les justifie
devant le tribunal des intelligences comme elles sont justifiées
et l' ont toujours été aux yeux de l' intuition.
Les membres de la Société Théosophique étudient
toutes ces vérités, et les Théosophes s' efforcent
de les vivre. Quiconque veut étudier, être tolérant,
avoir un idéal élevé et travailler avec persévérance
sera le bienvenu parmi les membres de la Société; et
ensuite il appartient à chaque membre de devenir un véritable
Théosophe.
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de l' Association Théosophique Canadienne,
(une association régionale de la Société Théosophique
d' Adyar)
1667 Nash Road, Box 108,
Courtice, On. Canada L1E 1S8
courriel: president@theosophique.ca
site web : www.theosophique.ca