LES SYMBOLES DE L'AUTEL



Résumé du programme audio-visuel "Les Instruments de Transformation", par J.B. Parry et M.C. Godby, version originale en langue anglaise produite par la Province Catholique Libérale d'Australie

Publié par les Editions ALBANUS



Lorsque l'on veut participer plus pleinement et plus intelligemment à la célébration de la Sainte Eucharistie, il nous faut pénétrer dans la réalité des symboles, les instruments de Transformation que nous voyons autour de nous chaque dimanche. Chacun d'eux peut être l'objet de méditation. Chacun d'eux permettra de récolter les vérités les plus profondes de la vie spirituelle. Une unité émerge ainsi de nombreux symboles: le Temple Vivant qui existe sous le voile des formes matérielles, le point de rencontre de l'oeuvre du Créateur et du labeur le plus élevé de l'être humain dans le monde.

Comme l'Eglise entière, y compris les fidèles, est le centre de la source de vie divine, ainsi l'autel est le centre de l'église, le "résumé" des oeuvres divines et des travaux humains. La croix et les cierges représentent et communiquent avec la vie de Dieu, les déversant pour la transformation du monde. La table ou base, symbolise le monde de la matière qui doit être spiritualisée par le travail dans le temple.

L'autel centralise le processus entier par lequel les ténèbres de notre monde matériel sont illuminées de l'intérieur, par la puissance irrésistible de l'esprit. Le divin n'est pas éloigné de la création, bien au contraire, il est présent au sein des formes, oeuvrant sans cesse au miracle de la transformation. Ici, dans le temple, "sous le voile des choses terrestres", ce grand oeuvre est concentré en puissance, afin que nous puissions consciemment y prendre part. L'autel est la clef de la compréhension de tous les symboles du temple, car ils sont tous des choses matérielles, des choses de la terre, qui indiquent, représentent et incarnent la Vie infinie qui s'expriment par eux.

Parmi les autels des premiers chrétiens, beaucoup étaient élevés sur les tombes des martyrs, dans les catacombes, profondément sous la terre, et ils symbolisaient la densité de la matière. Aujourd'hui, bien des êtres humains ne voient en leurs symboles que le témoignage de la mort, alors que le Chrétien contemple par la tombe la vie invisible qui anime toutes choses, donnant sa vitalité et son but à la solidité de la matière, tirant la vie de la mort, la lumière des ténèbres.

La base, la table de l'autel, sous les cierges qui brûlent et qui symbolisent la lumière et la vie, est la terre; elle est chaque forme et chaque structure de la matière. C'est là que les êtres placent leurs offrandes de pain et de vin pour être transformées. Et ils se joignent à leurs offrandes, ils y joignent aussi toute la création. Pendant que les offrandes seront recréées, une vie nouvelle coulera vers toutes les choses, les visibles et les invisibles; l'autel, apparemment rigide, une structure inflexible. est en réalité un vortex de vie.

Trois nappes de lin pur couvrent l'autel, rappelant les linges qui enveloppèrent le corps du Christ lorsque celui-çi fut déposé dans la tombe et qui, le matin de Pâques, furent retrouvés dans la tombe vide. Ils symbolisent aussi les formes matérielles que le divin anime pour communiquer aux humains sa propre vie infinie dans les formes banales de la vie journalière.

Le tabernacle sur, ou tout près, de l'autel est en réalité une extention de l'autel, un coffre fermé dans lequel on conserve le Saint Sacrement. Encore une fois, le symbolisme de la rigidité extérieure et de la vitalité intérieure se poursuit; dans la forme matérielle du tabernacle, la vie divine est présente, dans un sens particulier, inhérente, cachée aux yeux terrestres, dans une forme qui ne peut pas être comprise intellectuellement, mais qui, par l'éveil de l'esprit, peut devenir une réalité dans nos vies.

LA CROIX.

Le symbolisme du Christianisme est rempli de contradiction et de paradoxe apparents. De même que l'autel fut dans le passé et dans le monde extérieur, une tombe, un lieu de mort et de vide, ainsi la croix représenta la souffrance, l'humiliation et la destruction de la vie. Mais à ceux dont la perception est claire, la croix est le symbole le plus profond de la vie car la croix proclame le sacrifice divin, le don de vie du Créateur, par lequel le monde est nourri et amené à la perfection. Comme, lorsque nous répondons à l'appel de la Croix, nous dédions nos natures inférieures pour vivre une vie de service plus élevé, nous participons à un grand acte de don de la vie. Ce symbole est un autre point où l'oeuvre humaine rejoint l'oeuvre divine.

Les bras de la croix s'étendent vers tous les êtres pour une accolade de vie et d'amour. La vie s'écoule du coeur de l'univers dans toutes les directions du monde, du point où le Grand Prêtre perpétue le Sacrifice éternel par lequel toutes les choses ont leur être, et par lequel nous avons le privilège de prendre part à l'OEuvre, dans le Temple ainsi que dans nos travaux de la vie journalière.

La croix nous invite à entrer dans une dimension plus large de la vie, pour participer à la crucifixion de tout ce qui est petit, pour que nous puissions prendre part à la résurrestion de ce qui est grand. Pour l'être humain qui s'accrocherait à sa petitesse et à l'égoïsme, aux ténèbres de son égocentricité, la croix est le symbole de la souffrance et de la mort. Lorsqu'un être humain renaît en Christ, il doit d'abord être prêt à se soumettre à la puisane intérieure qui transforme toute chose, ensuite à faire de cette vie que proclament les symboles de l'autel, une part de son être propre.

Le corporal est placé sur les nappes de l'autel pour la célébration de la Sainte Eucharistie; c'est un carré parfait de lin blanc sur lequel seront placés l'hostie et le calice. Lui aussi représente la "robe de matière" qu'assume le divin, non pas pour conquérir le monde dans le sens de le dépasser et de l'abandonner; mais dans celui de pénétrer le monde et de l'élever vers l'esprit, en transformant toute chose.

Les vaisseaux eucharistiques sont placés sur le corporal, la calice et la patène ou un plat d'or, et ensuite les éléments par lesquels l'oeuvre de transformation se réalise: le pain et, plus tard, le vin. Le divin se manifeste toujours d'une manière compréhensible aux humains; partout, il assume une apparence terrestre pour oeuvrer par et en eux. Ainsi le calice contiendra le vin et l'eau; la patène contient déjà le pain.

Un voile cache ces instruments, qui symbolise le voile des choses terrestres qui cache, et révèle tout à la fois, la présence du Christ. Son corps et son sang sont infinis et éternels, les cieux eux-mêmes ne peuvent les contenir, mais ici-bas, à cet instant, dans le temps et dans l'espace, ils deviennent pour nous des véhicules terrestres afin que nous puissions travailler avec eux.

LES LUMINAIRES

Une lampe rouge, de couleur rubis, brûle devant l'autel comme un rappel visible de la présence inhérente du Christ dans le monde. Elle est un symbole de la Présence Réelle et de l'adoration permanente de nos vies, à laquelle nous devrions aspirer. Cette lampe nous rappelle spécialement la présence du Christ dans le Tabernacle, un mystère que l'être humain le plus sage ne peut comprendre. L'ignorant et l'égocentrique contestent cette merveille; le sage s'agenouille et ouvre son coeur à la vie qui coûle sans cesse de cette source qui est à la fois ici et partout, maintenant et éternellement.

Les cierges sont allumés, et maintenant l'autel est prêt. Rappelons-nous que les symboles qui sont placés sur l'autel ne représentent pas un événement, un moment, ni un lieu particuliers. Ils représentent un processus, un travail par lequel la vie est manifestée avec plus de perfection, par lequel toutes les choses sont transformées de ce qu'elles étaient en ce qu'elles peuvent potentiellement devenir, irradiant la vie, à l'image de la croix, s'élargissant en se donnant, parfaite et de forme harmonieuse.

L'église et l'autel représentent le Temple céleste parfait, et dans ce symbolisme particulier, les sept luminaires qui sont sur l'autel, rappellent les sept puissants esprits dont parla Saint Jean dans son Apocalypse et qui se tiennent perpétuellement devant le trône de Dieu. Les six cierges brûlent comme les symboles de la vie divine; nous pouvons voir leurs lumières. La septième flamme est la croix elle-même; sa lumière est plus subtile, elle reste cachée à nos yeux terrestres, elle est une lumière qui ne peut jamais s'éteindre. Elle est la lumière de ce monde, que les ténèbres ne pourront jamais "comprendre".

Ces sept lumières font plus que symboliser, elles communiquent ce qu'elles représentent. Dieu est un et indivisible - mais à l'image d'un rayon de pure lumière blanche qui est séparé dans les sept couleurs de l'arc-en-ciel, en traversant un prisme - nous pouvons penser que la vie divine apparaît à la vision humaine comme sept aspects correspondant au symbolisme traditionnel des sept dons du Saint Esprit, des sept vertus, des sept Sacrements. D'une simple flamme, sept rayons éclairent le monde pour lui donner la vie et la lumière, rencontrant chaque être humain sur son chemin particulier, le réconfortant et le nourissant de sa vie et de sa lumière selon ses besoins, révélant en lui ce qu'il a de plus élevé et de plus parfait dans sa nature, afin que le genre humain puisse grandir comme des individus - non pas comme des répliques les uns des autres, - mais comme des manifestations uniques de l'image dont ils ont été créés.

Et pourtant la lumière éternelle et intérieure, symbolisée et communiquée par cette flamme - la lumière et la puissance qui se divise pour accomplir la vie humaine - demeure UNE  à jamais.

LES JOYAUX DE L'AUTEL

Par l'oeuvre divine et humaine que nous appelons Liturgie,  la puissance septuple de Dieu pénètre et transforme la matière qui est représentée par la table de l'autel. La pierre d'autel est enchâssée dans la table d'autel, directement sous le calice. Dans l'Eglise primitive, les pierres d'autel contenaient des reliques de martyrs, unissant ainsi l'église à travers tous les âges - tous les êtres humains - comme un centre de vie. Dans l'Eglise Catholique Libérale, sept joyaux sont placés dans une cavité au centre de la pierre d'autel, de la même manière que dans l'église médiévale l'autel était orné de sept pierres précieuses, symbolisant les sept dons du Saint Esprit - les sept rayons venant de la flamme centrale, les sept manifestations de la vie de Dieu dans la vie des humains et du monde entier.

Les petits fragments de pierres précieuses cachées, enterrées dans l'autel de matière - de petits joyaux qui sont les symboles et les canaux des sept qualités de la vie divine. Ces qualités ont été appelées de bien des noms, tels que Puissance, Sagesse, Dévotion, Connaissance, Ordre, Adaptabilité et Harmonie. Ces pierres représentent toute la vie divine, et la distribuent sur le monde dans toute sa grande diversité. Le fait que les joyaux soient "cachés" montre que les potentialités divines sont, pour le moment, fort peu réalisées en nous.

Pénétrons maintenant plus profondément dans la connaissance de la richesse de la nature divine, comme ce symbolisme le montre. Six joyaux sont disposés en cercle, le septième est placé en son centre.



Le SAPHIR qui est placé en haut, proclamme la fontaine abondante de l'amour qui maintient tout dans l'unité. Ensuite, le JASPE représente l'harmonie et la beauté divines se manifestant dans l'harmonie et la beauté de la terre. La TOPAZE révèle la qualité que nous appelons la connaissance,   qui ordonne toutes choses avec puissance et douceur. L'AMETHISTE proclamme l'ordre,  le but, la loi, qui gèrent l'univers; enfin le RUBIS, la dévotion  de Dieu, l'attention permanente qui maintient l'univers en existence. L'EMERAUDE représente la flexibilité et l'adaptabilité.  En sa position centrale, le DIAMANT représente Dieu le Père, la puissance  impersonnelle qui veut, maintient et soutient toute la création.

La position de ces joyaux dans la pierre d'autel est une autre clef pour la compréhension de la richesse infinie de la vie qui se déverse par le travail dans le temple. La puissance de la volonté - Dieu le Père - est au centre. L'adaptabilité et la beauté, s'harmonisent. La dévotion fait le contre-poids à la connaissance. La puissance et l'ordre sont tempérées par la qualité de l'amour parfait. Ce symbolisme exact et inspiré, l'équilibre de toutes les énergies de la création, s'étend partout dans la structure de l'église.

De petits fragments de pierres précieuses se trouvent aussi dans les six chandeliers et dans la croix du tabernacle qui correspondent à ceux de la pierre d'autel. Ces joyaux, placés dans les profondeurs des formes matérielles, symbolisent les sept qualités divines inscrites au plus profond de nous-mêmes et dans toute la nature, des qualités qui seront découvertes dans l'oeuvre de transformation.

Sur les murs et dans l'église, autour de la communauté, se trouvent aussi six croix qui, avec celle de la porte du tabernacle, représentent aussi les sept aspects de la vie divine se manifestant dans l'univers. Ces croix qui sont autour de nous, nous unissent à l'autel, et unissent l'autel à l'église. Comme le pain et le vin sont offerts et transformés sur l'autel, ainsi nous nous offrons et recherchons la transformation sur l'autel de toute l'église. Ces croix sont des symboles vivants, animés lors de la consécration de l'église par l'évêque, pour être des centres de distribution des énergies spirituelles - une vie immense, incompréhensible, dans laquelle l'adaptabilité est à tout moment en équilibre avec l'harmonie, la dévotion avec la connaissance, la puissance et la loi avec l'amour parfait. La structure spirituelle de l'église est symétrique, sa géométrie exacte, et ses formes sont les mirroirs de l'ordre et de l'harmonie sur lesquels repose toute la création et qui s'étend, par l'oeuvre de la divine liturgie, à toute l'humanité et à l'univers lui-même.

LA STRUCTURE DE LA SAINTE EUCHARISTIE (Rite Catholique Libéral)




PURIFI-
CATION

Absolution

Confitéor

Cantique

Asperges

Invocation



REALI-
SATION
DU DIVIN

Gloria

Kyrie

Introït

Encense-
ment




ILLUMI-
NATION DE
LA PENSEE

Evangile

Munda Cor

Epître

Collectes






OFFRANDE


Sanctus

Préface

Offertoire

Deuxième Ensence-
ment

Crédo


LA
REPONSE
DIVINE


CONSE-
CRATION


TRANSFOR-
MATION
COMMUNE

Adeste Fideles

Prière
d'Oblation

Seconde Elévation

Pater




PAIN DU
MONDE
ROMPU

Commé-
moration
des Saints

Salutation de Paix








TRANSFOR-
MATION DE
L'INDIVIDU

La Sainte Commu-
nion











TRANSFOR-
MATION DE
L'UNIVERS

Post
Commu-
nion

Bénédic-
tion



Pendant que se déroule l'Eucharistie selon son beau plan ordonné, pendant que nous travaillons avec ces instruments de transformation, nos coeurs, nos esprits et nos âmes sont tranformés progressivement en un centre spirituel par lequel la vie divine s'écoule sur toute la création. Nous nous trouvons au point de rencontre de deux mondes, le spirituel et le matériel. C'est le laboratoire du Grand OEuvre sacré, où l'être humain vient s'unir à l'OEuvre Divine de la transformation de l'univers. C'est l'image et la préfiguration de la plénitude de la création, de ce que sera l'univers lorsque tout le genre humain travaillera pour le bien commun et que la terre entière sera devenue un temple d'amour.