Le Sâdhou Sundar Singh
(octobre 1924)
I. - Sa Vie
Sundar Singh est un Hindou converti au christianisme
et qui exerce actuellement son activité apostolique non seulement parmi les
populations non chrétiennes de I'Inde, mais par toute la terre. Il nous a paru
intéressant de résumer la vie et l'enseignement d'un apôtre chrétien
appartenant à une des races qui semblent le plus constitutionnellement incapables
de saisir l'idée de la divinité absolue de Jésus-Christ (1).
Sundar Singh (2) est né le 3 septembre 1889 à Rampur,
dans l'Etat de Patiala, au Nord de l'Inde; il appartient à la race des Sikhs;
il est le dernier fils du Sirdar Sher Singh, homme riche et considéré,
qui l'éleva dans le luxe et lui fit donner une solide instruction. Sa mère,
qui est morte lorsqu'il avait quatorze ans et pour qui il conserve un véritable
culte, lui avait fait connaître les livres sacrés hindous, notamment la
Bhagavad-Gita (3) et l'Adi-Granth (4). A seize ans, il connaissait les Upanishads
et le Coran. Il fut mis en contact avec l'Evangile par des missionnaires presbytériens
américains à l'école desquels il avait été envoyé;
l'enseignement qu'il reçut là bouleversait tout ce qu'il avait appris jusqu'alors,
aussi lui fut-il dès l'abord profondément hostile; il déchira et brûla
une Bible qui lui avait été offerte. Mais le trouble persistait en lui
; il avait soif d'une certitude ; un soir de décembre 1904 il résolut de
mettre un terme à ses luttes intérieures et de trouver la paix immédiatement
ou dans la mort. Il se mit à prier dans sa chambre, décidé, s'il ne
trouvait pas le repos du cúur, à mettre sa tête sur le rail du chemin de
fer, au fond du jardin paternel, où l'express de Ludhiana passait à cinq
heures du matin. A quatre heures et demie il vit une grande lumière et dans
cette lumière la forme du Christ et il entendit une voix qui lui disait : «
Jusqu'à quand me persécuteras-tu? je suis mort pour toi, je suis le Sauveur
du monde. » Alors il comprit que le Christ est vivant, pensée qui lui paraissait
jusqu'alors inadmissible, et la paix entra en lui.
Sa famille n'accepta pas qu'il voulut abandonner la religion des
ancêtres pour embrasser celle de Jésus. Son père lui représenta
la honte qui rejaillirait sur tous les siens s'il persistait dans sa résolution;
un oncle lui promit toutes ses richesses - qui étaient considérables -
s'il demeurait avec eux. Rien n'y fit. Alors son père le déshérita
et le déclara « hors caste », ce qui, pour un Hindou, est la déchéance
suprême; l'école chrétienne persécutée dut quitter le pays,
laissant Sundar seul avec un camarade Sikh qui avait aussi embrassé la foi du
Christ. En signe de rupture définitive avec sa race, il coupa sa chevelure,
pratique que le Granth interdit aux Sikhs. On lui servit ses repas hors de la maison
comme à un paria, puis il fut chassé du foyer paternel après avoir
été empoisonné dans le dernier repas qui lui fut donné. Son ami
fut également empoisonné par les siens et mourut. Sundar se réfugia
à Ropur chez des chrétiens qui le soignèrent. Son père fit une
suprême tentative pour le reprendre; il lui parla avec tendresse, évoqua
le Souvenir de sa mère ; mais le jeune homme demeura inébranlable dans
sa résolution de servir le Christ tout le temps qu'il lui resterait à vivre.
Le jour anniversaire de ses seize ans, le 3 septembre 1905, il
fut baptisé à Simla, dans l'Himalaya. Trente-trois jours après, il
résolut de vivre en sâdhou. Le sâdhou porte une robe couleur safran,
costume consacré par les siècles, et s'en va, sans foyer et sans argent,
vivant d'austérités et d'aumônes ; son costume lui ouvre la porte
de toutes les castes et de toutes les classes, même celle des zénanas ou
gynécées où il a pu à maintes reprises parler du Christ aux grandes
dames du pays. Sur la terre glacée du Tibet comme sur le sol torride de Ceylan
il marche pieds nus et conserve le même vêtement et les mêmes habitudes
de pauvreté ; il n'emporte avec lui que son Nouveau Testament en langue ourdou.
Il commença à prêcher l'Evangile dans son village
natal, puis dans les autres bourgs de sa province du Penjab; ensuite il alla vers
l'Afghanistan, le Béloutchistan et le Cachemire. Mais il n'était pas préparé
à cette existence itinérante et il souffrit beaucoup du froid et des privations,
sans parler de douloureuses mortifications; il connut de terribles luttes intérieures,
notamment la tentation de retourner vivre dans la maison paternelle l'existence d'un
homme de son rang; mais il ne se laissa jamais détourner de son apostolat.
En 1906 il rencontra un Américain, M. Stokes, qui, pendant
un an, se joignit à lui et lui fit connaître saint François d'Assise
pour qui il avait une grande vénération bientôt partagée par
le Sâdhou. Ils prêchèrent l'Evangile aux lépreux de Sabathu et
aux pestiférés de Lahore. Resté seul, Sundar
fit en 1908 un premier voyage au Tibet (5). Puis il voulut parfaire sa préparation
et fit deux ans d'études au collège Saint-Jean à Lahore (1909-1910).
Il refusa toujours les titres qu'on lui proposa; il ne voulut
être qu'un témoin du Christ. Il renvoya à l'évêque anglican
la licence de prêcher que celui-ci lui avait donnée, expliquant qu'il voulait
annoncer l'Evangile là où Dieu l'enverrait. En 1912 il parcourut le Bengale.
Il résolut alors de jeûner pendant quarante jours et quarante nuits; il
se retira dans la jungle et passa ce temps à converser avec le Christ. A mesure
que ses forces physiques déclinaient, son esprit se trouvait vivifié et
sa dépendance vis-à-vis de Dieu lui fut révélée, chassant
à jamais les doutes qui avaient pu l'assaillir. Des forestiers le rencontrèrent
complètement épuisé et le transportèrent à Dehra Dun puis
à Annfield où il fut soigné.
En 1913 et 1914 il parcourut le Sikkim, le Bhutan, le Népal
où il fut supplicié (6). Puis il retourna au Tibet. Là il fut persécuté,
emprisonné. A Rasar, après lui avoir cassé le bras gauche pour qu'il
ne puisse pas s'enfuir, on le jeta dans un puits desséché profond de quarante
pieds, dont le couvercle métallique fut cadenassé ; il resta couché
sur des cadavres en putréfaction, attendant lui aussi la mort. La troisième
nuit, il fut retiré de sa prison sans pouvoir même apercevoir son sauveteur.
Lorsqu'il fut dehors, il se rendit compte que son bras était guéri ; arrêté,
il fut reconduit devant le lama qui l'avait condamné et celui-ci retrouva dans
sa propre ceinture l'unique clé fermant le couvercle de la basse-fosse. Effrayé,
il pria alors le Sâdhou de quitter la ville.
Ensuite Sundar prêcha dans le Sud de l'Inde, à Ceylan,
en Birmanie, en Chine, au Japon. En 1918 il visita l'Amérique et l'Europe. En
octobre 1919 il retourna à Rampur ; il y avait quatorze ans qu'il n'avait pas
revu son père ; celui-ci le convertit et Sundar le baptisa.
En 1920 Sundar Singh alla en Angleterre où le directeur du
Collège missionnaire de Selly Oak a dit de lui : « Il n'est pas seulement
au-dessus des nationalités, mais aussi au-dessus des églises; il ne trouve
aucun intérêt à tous nos ismes. » En mars il s'arrêta à
Paris, puis visita l'Irlande et l'Ecosse; à Londres il parla à l'Albert
Hall devant 10.000 personnes; il alla ensuite aux Etats-Unis, en Australie, en Palestine
où il avait souvent désiré de se rendre. En 1922 il parcourut la Suisse,
l'Allemagne, la Suède. Actuellement il poursuit aux Indes ses pérégrinations
apostoliques.
Dans un prochain article nous exposerons brièvement sa doctrine.
II. - Son Enseignement (7)
(A. S. Novembre 1924)
Nous avons vu que Sundar Singh est très
jaloux de son indépendance. A maintes reprises il a déclaré qu'il
ne se rattache à aucune église. S'il parle fréquemment dans les sanctuaires
protestants, ce n'est pas du tout qu'il appartienne au protestantisme, c'est simplement
parce que les missionnaires et les pasteurs protestants lui ouvrent leurs églises,
ce que ne font pas les missionnaires et les prêtres catholiques (8). Au surplus,
il dit souvent : « Une société, une église n'est pas le christianisme
; le christianisme, c'est le Christ Lui-même. » A ses yeux l'appartenance
à une église est chose secondaire; Dieu instruit directement ceux qui se
sont entièrement donnés à Lui.
De même, il n'a jamais voulu faire de politique. La seule
intervention qu'il se permette dans le domaine politique est la lutte contre l'esprit
de caste et encore son opposition est-elle déterminée par le motif, tout
religieux, que l'esprit de caste s'oppose à l'expansion du Royaume de Dieu.
Sa prédication (9) est simple, concise, imagée, directe,
sans aucune recherche de style ou d'effet oratoire, avec le minimum d'éléments
doctrinaux. Elle jaillit de son cúur, de sa méditation assidue de l'Evangile
et de sa propre expérience religieuse. La forme est toujours improvisée,
le fond est préparé dans le recueillement et dans la prière. Sa voix
porte très loin et sans effort apparent. En février 1918, dans le Travancore
septentrional, il parla devant 32.000 auditeurs et jusqu'aux derniers rangs il fut
parfaitement entendu.
La seule base de son enseignement, c'est la croyance à la
divinité essentielle du Christ, Verbe de Dieu, Fils unique du Père, ressuscité
et vivant à jamais. Il déclare : « Ceux qui nient la divinité
du Christ apportent du poison au lieu de nourriture spirituelle. » La résurrection
a pour lui une importance capitale : «Si le Christ n'était pas ressuscité,
dit-il, le christianisme n'aurait rien eu à apporter au monde de plus que les
autres religions ; c'est le Christ vivant qui constitue le christianisme. »
Quant au dogme de la Trinité, il explique sa pensée
par une comparaison : le soleil émet de la lumière et de la chaleur; la
lumière n'est pas le soleil, mais elle en provient et en est inséparable
; de même la chaleur n'est ni la lumière ni le soleil, mais elle dépend
de lui comme la lumière. Soleil, lumière, chaleur ; Dieu, le Christ, le
Saint-Esprit.
Sa doctrine est fondée sur le Nouveau Testament,
sur l'Evangile en particulier. L'Ancien Testament a pour lui une grande valeur, mais
dans le sens de la préparation à la venue du Christ (10).
Toutefois, à côté du Nouveau Testament, il a une
prédilection pour les úuvres de saint François et pour l'Imitation de Jésus-Christ.
« Lorsque je lis saint François d'Assise ou Thomas à Kempis, ils sont
pour moi comme des frères aînés, ayant eu la même foi. J'ai beaucoup
appris à leur contact, aussi bien qu'à celui des saints de l'Orient, car
ils disent les mêmes choses, chacun à leur manière ; ils ont tous
trouvé la vérité en Christ. Les saints d'aujourd'hui me sont précieux
aussi et j'apprends beaucoup en les fréquentant ;... j'apprends aussi de mes
frères d'Occident. »
Il croit à l'efficacité des sacrements, encore qu'il
laisse de côté l'élément rituel du culte pour mettre au premier
plan l'union du cúur avec le Christ. Il communie dans toutes les églises chrétiennes,
depuis l'anglicane jusqu'à la non-conformiste ; il communierait dans l'église
catholique, si celle-ci le lui permettait. Toutefois il ne croit pas à la transsubstantiation
(11). Il baptise rarement, mais il fait baptiser tous ses convertis.
La foi au Christ et l'amour pour Lui Sont le fondement de la vie
chrétienne. « Christ est mon Sauveur. Il est ma vie. Il m'est tout au ciel
et sur terre. Sa présence me donne une paix qui dépasse toute intelligence,
en quelque circonstance que je sois placé. Dans la persécution j'ai trouvé
paix, joie et bonheur; rien n'a pu m'arracher la joie que j'ai trouvée en mon
Sauveur. »
La prière est une union avec Dieu et non une demande ; la
prière, c'est dire à Dieu : Que Ta volonté soit faite ! Par la prière
nous apprenons à connaître Dieu. Sundar Singh consacre à la prière
plusieurs heures chaque matin ; souvent il passe toute la nuit en oraison. Il a parfois
des extases et des visions; mais il distingue celles-ci de la vision du Christ qui
a déterminé sa vie chrétienne et son apostolat : cette dernière
a été perçue par ses sens corporels, tandis que les autres ne sont
perçues que par ses sens spirituels.
Ses visions portent souvent sur la vie future. Il voit trois ciels
: 1° la paix de l'âme qui vit tout près du Christ ; 2° l'antichambre
du Ciel proprement dit : les élus ne voient pas encore le Christ, mais sentent
Sa présence ; 3° la présence définitive de Dieu.
Les religions païennes ne sont à ses yeux qu'une tentative
de rapprocher l'âme humaine du Dieu unique. « Elles ont creusé des
canaux, mais n'ont pas d'eau à y faire couler; toutefois dans ces canaux l'eau
vive du Christ a pu couler plus tard. »
Il rejette la notion panthéiste de l'identité de l'esprit
humain et de l'Esprit divin ; il rejette aussi la doctrine hindoue du Karma, la rétribution
automatique et implacable (12); il enseigne que le péché produit la mort,
mais ce n'est pas Dieu qui condamne, c'est l'homme qui s'exclut de la Lumière.
Sundar Singh professe que l'intellectualisme
fait du tort à la religion qui est affaire d'amour et non de connaissance. Ceux-là
seuls qui donnent leur cúur à Dieu peuvent comprendre la vérité. Il
ne veut pas que l'on étudie les Ecritures dans un esprit critique (13); l'étude
de l'Evangile, aime-t-il à répéter, doit se faire aux pieds de Jésus,
dans la prière et l'acceptation de la souffrance (14). Et il ajoute : «
Le plus grand miracle de ce monde, c'est la paix du cúur ; le Christ seul peut la
donner. »
Très prudent, il ne cherche pas à se créer des
imitateurs; il déclare que nul ne doit affronter la vie de sâdhou sans
un appel précis de Dieu. Les conseils qu'il donne sont toujours pleins de bon
sens, toujours en rapport avec les besoins de ceux qui l'interrogent.
Des malades en grand nombre ont été guéris par
ses prières. Mais à ceux qui implorent sa bénédiction il répond
invariablement : « Comment ces mains pourraient-elles bénir, elles qui
ont déchiré et brûlé la Parole de Dieu ? »
Tel est cet homme, d'une humilité profonde, dont la vie intérieure
se traduit sur son visage par un intense rayonnement, et dont un Hindou disait récemment
: « Il proclame son message avec la flamme d'un prophète et l'autorité
d'un apôtre ; il nous apparaît comme le symbole de la culture orientale
illuminée par la splendeur de l'Evangile. "
(1) On a beaucoup écrit sur le Sâdhou. Citons en particulier : Mrs ARTHUR
PARKER : Sâdhou Sundar Singh, called of God, Londres 1919, traduit en français
par Ch. Rochedieu sous le titre : Un apôtre chrétien, le Sâdhou Sundar
Singh, 5ème édition, Lausanne 1922. -
B. H. STREETER et A. J. APPASAMY : The Sadhu ; a study in mysticism and
pratiical Religion. Londres 1921.
(2) Singh signifie lion ; c'est le nom générique des Sikhs. Ceux-ci
ont été à l'origine d'une secte réformatrice, désireuse
de remettre en honneur un culte plus simple et plus pur ; puis ils se sont organisés
en puissance militaire afin de résister aux persécutions. Le premier gourou
(maître) qui ait enseigné la religion aux Sikhs est Nânak (1469-1538)
; ses disciples formèrent une secte distincte sous le nom de Sikhs ou Disciples.
Le dernier des dix grands chefs ou pontifes Sikhs, Har Govind (mort en 1708), a donné
à ses compagnons le surnom de Singh.
(3) La Bhagavad Gita ou Chant du Bienheureux est un poème philosophique
et religieux faisant partie de la grande épopée, le Mahabharata.
(4) ou Livre par excellence, livre sacré des Sikhs ; c'est un mélange
de spéculations hindoues et de principes musulmans. Plusieurs chapitres ont
été écrits par Nânak, d'autres par Govind Singh, le neuvième
successeur de Nânak.
(5) Aller prêcher l'Evangile au Tibet était un acte d'un incontestable
héroïsme : dans ce pays strictement fermé la prédication d'une
religion différente du lamaïsme bouddhique était prohibée, sous
les peines les plus graves. Un Sikh, comme lui de l'Etat de Patiala, nommé Kartar
Singh, d'une famille riche également, y prêcha l'Evangile et mourut martyr,
après trois jours de tortures inouïes.
(6) On le mena sur la place du marché, au milieu d'un grand concours
de peuple ; on le dépouilla de
ses vêtements et on le fit asseoir sur le sol, ses pieds et ses mains fixés
dans des ceps et des sangsues appliquées sur tout son corps nu. Il resta ainsi
toute la journée et toute la nuit. En racontant ce martyre, il ajouta : «
Je ne sais comment cela s'est fait, mais j'avais le cúur si plein de joie que je
ne pouvais m'empêcher de chanter et de prêcher. » Et aussi : «
La présence du Christ a changé ma prison en paradis ; qu'en sera-t-il donc
au ciel ? »
(7) Il se trouve notamment dans Par Christ et pour Christ 2ème éd.
Lausanne 1923, recueil de discours prononcés par Sundar singh en suisse en mar
1922, et dans Aux pieds du Maître (entretiens du Christ et d'un disciple) Lausanne
1924.
(8) cf. Léonce de Grandmaison : Le Sâdhou Sundar Singh et le problème
de la Sainteté hors de l'Eglise catholique dans les Recherches de Science religieuse,
1922.
(9) Il répète sans cesse : « Je ne prêche pas, je ne fais
que rendre témoignage à mon Maître. »
(10) « L'Ancien Testament parle de Celui qui doit venir ; le Nouveau Testament
parle de Celui qui est venu. »
(11) « Je ne crois uns que le pain et le vin soient réellement
transformés au corps et au sang du Christ, mais leur effet sur le croyant est
le même que si la conversion était réelle. »
(12) De même il repousse la doctrine hindoue du salut atteint par
l'extinction du désir. « Il en est qui affirment que le salut consiste
à tuer tout désir. N'est-ce pas tout aussi insensé que de dire à
un homme qui meurt de soif, qu'il doit tuer la soif ? La soif, comme le désir,
est de ce monde. La tuer, la supprimer plutôt que l'étancher, l'apaiser,
c'est détruire la vie. Ce n'est pas le salut, mais la mort.»
(13) « Nous sommes fatigués de religion, fatigués d'enseignement,
fatigués de philosophie ; il nous faut le Christ vivant. » - « Au
séminaire, j'ai appris des choses bonnes pour la vie de ce monde, mais les leçons
de la vie spirituelle, je les ai reçues aux pieds du Maître. Ce n'est pas
que je sois opposé à tout enseignement, mais l'enseignement sans la vie
est dangereux. » - « J'ai rencontré un Sabyasi hindou qui disait que
la connaissance était nécessaire au salut ; je lui ai répondu que,
pour apaiser la soif, il est nécessaire d'avoir de l'eau, mais non pas de savoir
qu'elle se compose d'hydrogène et d'oxygène. » - « Le cúur est
le temple de Dieu et quand le cúur est rempli de la présence de Dieu, le cerveau
aussi en est illuminé. »
(14) Chaque fois que j'ai eu à souffrir pour mon Sauveur, j'ai trouvé
le ciel sur la terre, c'est-à-dire une joie merveilleuse que je ne trouve qu'alors.
La source de cette joie, c'est la présence du Christ ; elle est aussi
lumineuse que le soleil en plein midi ; personne ne peut m'enlever cette joie. »
- « La souffrance n'était souffrance que lorsque je n'étais pas chrétien
et que je ne possédais pas la paix de l'âme. » - « Notre joie
sera plus douce que celle des anges, car ils possèdent la joie sans avoir passé
par la souffrance. »
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